1805/22 Français Juste fin monde JEAN-LUC LAGARCE Fiche d'identité TITRE: Juste la fin du monde AUTEUR: Jean-Luc Lagarce DATE: 1990 MOUVEMENT LITTERAIRE: aucun mais
Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie II, scĂšne 2 Commentaire composĂ©. DerniĂšre mise Ă  jour 30/11/2021 ‱ ProposĂ© par jllesaint Ă©lĂšve Texte Ă©tudiĂ© ANTOINE. — [...] Catherine, aide-moi, je ne disais rien, on rĂšgle le dĂ©part de Louis, il veut partir, je l’accompagne, je dis qu’on l’accompagne, je n’ai rien dit de plus, qu’est-ce que j’ai dit de plus ? Je n’ai rien dit de dĂ©sagrĂ©able, pourquoi est-ce que je dirais quelque chose de dĂ©sagrĂ©able, qu’est-ce qu’il y a de dĂ©sagrĂ©able Ă  cela, y a-t-il quelque chose de dĂ©sagrĂ©able Ă  ce que je dis ? Louis ! Ce que tu en penses, j’ai dit quelque chose de dĂ©sagrĂ©able ? Ne me regardez pas tous comme ça ! CATHERINE. — Elle ne te dit rien de mal, tu es un peu brutal, on ne peut rien te dire, tu ne te rends pas compte, parfois tu es un peu brutal, elle voulait juste te faire remarquer. ANTOINE. — Je suis un peu brutal ? Pourquoi tu dis ça ? Non. Je ne suis pas brutal. Vous ĂȘtes terribles, tous, avec moi. LOUIS. — Non, il n’a pas Ă©tĂ© brutal, je ne comprends pas ce que vous voulez dire. ANTOINE. — Oh, toi, ça va, la BontĂ© mĂȘme » ! CATHERINE. — Antoine. ANTOINE. — Je n’ai rien, ne me touche pas ! Faites comme vous voulez, je ne voulais rien de mal, je ne voulais rien faire de mal, il faut toujours que je fasse mal, je disais seulement, cela me semblait bien, ce que je voulais juste dire – toi, non plus, ne me touche pas ! – je n’ai rien dit de mal, je disais juste qu’on pouvait l’accompagner, et lĂ , maintenant, vous en ĂȘtes Ă  me regarder comme une bĂȘte curieuse, il n’y avait rien de mauvais dans ce que j’ai dit, ce n’est pas bien, ce n’est pas juste, ce n’est pas bien d’oser penser cela, arrĂȘtez tout le temps de me prendre pour un imbĂ©cile ! il fait comme il veut, je ne veux plus rien, je voulais rendre service, mais je me suis trompĂ©, il dit qu’il veut partir et cela va ĂȘtre de ma faute, cela va encore ĂȘtre de ma faute, ce ne peut pas toujours ĂȘtre comme ça, ce n’est pas une chose juste, vous ne pouvez pas toujours avoir raison contre moi, cela ne se peut pas, je disais seulement, je voulais seulement dire et ce n’était pas en pensant mal, je disais seulement, je voulais seulement dire... LOUIS. — Ne pleure pas. ANTOINE. — Tu me touches je te tue. LA MERE. — Laisse-le, Louis, laisse-le maintenant. Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie II, scĂšne 2 Jean Luc Lagarce nĂ© en 1957 et mort en 1995 est un auteur dramatique contemporain et metteur en scĂšne du XXe siĂšcle, il publie en 1990 Juste avant la fin du monde, une piĂšce de théùtre. Dans la scĂšne 2 de la partie 2, Louis, hĂ©ros principal de la piĂšce, revient aprĂšs une longue absence annoncer sa mort prochaine Ă  sa famille. Son frĂšre et sa sƓur se disputent, et il finira par repartir sans rien leur dire. Ainsi nous pourrons nous demander dans quelle mesure cette scĂšne montre l’échec de la communication pour Ă©viter les conflits. Pour cela, nous aborderons dans un premier temps les tensions qui posent un problĂšme de communication au sein de la famille. Dans un deuxiĂšme temps, nous analyserons la violence qui finit par dominer la scĂšne, en se substituant Ă  la communication. I. Des tensions qui brouillent la communication Antoine, le frĂšre du hĂ©ros, est en colĂšre contre Suzanne, leur sƓur. Elle lui reproche des choses qui selon lui sont fausses. La tension entre les membres de la famille est de ce fait palpable. a Chaque personnage est impliquĂ© Antoine exprime sa colĂšre je ne disais rien .. je n'ai rien dit de plus ... je n'ai rien dit » lignes 2,5,7. Il se rĂ©pĂšte pour prouver son innocence. Il continue en se questionnant y-a-t-il quelque chose de dĂ©sagrĂ©able Ă  ce que je dis ? » puis prend son frĂšre Ă  tĂ©moin Louis! ... j'ai dit quelque chose de dĂ©sagrĂ©able ? » Antoine est indignĂ© Ne me regardez pas comme ça ! » Catherine la femme d’Antoine prend Ă  son tour partie et dĂ©fend Suzanne Elle ne te dit rien de mal ». Elle juge son mari en l'accusant d'ĂȘtre une brute tu es un peu brutal » et continue en lui disant on ne peut rien te dire » b Une difficultĂ© de communication, accentuĂ©e par la paranoĂŻa d'Antoine Antoine par la suite s'interroge Ă  nouveau Je suis un peu brutal ? Pourquoi tu dis ça ? » Ce questionnement rhĂ©torique nous donne l'impression qu'il est paranoĂŻaque. Il croit que tout le monde est contre lui Vous ĂȘtes terribles,tous avec moi » Cela accentue sa possible paranoĂŻa. Louis essaie de dĂ©fendre Antoine mais celui-ci le brime en le surnommant la bontĂ© mĂȘme » L'auteur emploie ici une antiphrase. Il se met en position de victime ce n'est pas bien, ce n'est pas juste » arrĂȘtez...de me prendre pour un imbĂ©cile ! » Il emploie un rythme redondant et amplifie ses propos. Antoine n'arrive pas Ă  communiquer, et finit par substituer Ă  ses difficultĂ©s de communication un comportement violent. II. La violence d'Antoine se substitue Ă  la communication a L'agressivitĂ© d'Antoine Antoine finit par devenir violent, il repousse sa femme Je n'ai rien ne me touche pas » Il poursuit avec toi, non plus, ne me touche pas ! » il devient agressif, il insinue qu'on le prend pour un monstre comme une bĂȘte curieuse » il se compare Ă  une bĂȘte. Quand Louis essaie de le consoler Ne pleure pas », il se fait aussitĂŽt rejeter Tu me touches je te tue ». Il finit ainsi son dialogue par une menace de mort. b Le dĂ©sespoir d'Antoine Antoine finit par lĂącher prise et ne dĂ©sire plus rien il fait comme il veut, je ne veux plus rien » Il a perdu toute conviction, il pense que c'est injuste ce qui lui arrive et il le fait savoir ce ne peut pas... ce n'est pas une chose juste, vous ne pouvez pas... cela ne se peut pas. » Il est accablĂ© sous les reproches. Il bafouille et se rĂ©pĂšte et ne finit pas ses phrases je voulais seulement dire... » Il finit par succomber Ă  la pression et finit par pleurer. Leur mĂšre intervient et ordonne Ă  Louis de s'Ă©loigner Laisse-le, Louis, laisse-le maintenant. », ce qui met fin Ă  la discussion. Conclusion En dĂ©finitive Antoine est un Ă©ternel incompris, il ne sait pas exprimer ses sentiments et se sent offensĂ© et attaquĂ© par tous. Il en devient paranoĂŻaque et violent. Les tensions naissantes dans cette scĂšne se sont ainsi transformĂ©es en violence. Louis lui, dans ce passage, est constamment agressĂ© par son frĂšre aĂźnĂ©, qui menace mĂȘme de le tuer. L'auteur met en avant la rage d'Antoine en laissant du coup Louis de cĂŽtĂ©. Louis a bien essayĂ© d'arranger les choses, mais en vain. Il partira sans avoir pu leur annoncer son funeste destin. La violence a dĂšs pris le pas sur la communication, qui a empĂȘchĂ© la principale raison de la venue de Louis.
Largument de la piÚce est trÚs simple : Louis a 34 ans, il rend visite à sa famille (qu'il a quittée depuis plusieurs années) pour annoncer sa mort prochaine. - Présentation du texte : Cet extrait de la piÚce de théùtre Juste la fin du monde est un
Index Texte Notes Citation Auteur EntrĂ©es d’index Haut de page Texte intĂ©gral 1 Nous ne retenons pas ici l’hypothĂšse interprĂ©tative de Xavier Dolan sur le titre, telle que lisibl ... 2 Professeure Ă©mĂ©rite, UniversitĂ© de Lille iii. 1Observer Juste la fin du monde Ă  partir du prisme de la réécriture, c’est rassembler un ample matĂ©riau gĂ©nĂ©tique ou intertextuel, en amont ou en aval de la version actuelle de la piĂšce. Avant mĂȘme de concerner la question de la transposition du théùtre au cinĂ©ma dans la circonstance de la sortie du film de Dolan1, la réécriture informe la piĂšce elle-mĂȘme, dans sa relation avec le reste de la crĂ©ation lagarcienne elle y occupe une place particuliĂšre en termes de lutte pour la crĂ©ation. Dans cette entreprise de réécriture interne, organique de l’Ɠuvre, le titre Juste la fin du monde, constitue non seulement la matrice mais encore la condition de possibilitĂ© de la production de la piĂšce dans son Ă©tat final. Je me dois aussi de prĂ©ciser ce que l’hypothĂšse d’une telle fonction heuristique du titre dans le processus de crĂ©ation doit Ă  Sylvie Thorel, chercheure en littĂ©rature française et comparĂ©e2. 3 Le Voyage de Madame Knipper vers la Prusse orientale y Ă©tait certes entrĂ© avant, en 1982, mais pou ... 2Juste la fin du monde, texte acadĂ©mique, classique, forme un chef d’Ɠuvre, Ă©conomique et virtuose Ă  la fois, dans l’acception de l’artisanat et du mĂ©tier, et vraisemblablement aussi au sens axiologique du terme. Aucun hasard la piĂšce entre la premiĂšre dans le rĂ©pertoire de la ComĂ©die Française3 et fait l’objet d’une adaptation cinĂ©matographique qui connaĂźt le succĂšs que l’on sait. Or, la faveur de la rĂ©ception actuelle semble inversement proportionnelle Ă  la difficultĂ© crĂ©atrice marquant les annĂ©es d’élaboration. 3La genĂšse et la premiĂšre rĂ©ception de Juste la fin du monde – entre 1988 et 1993 stricto sensu mais en rĂ©alitĂ©, il y a nĂ©cessitĂ© de prendre en compte la pĂ©riode de fin 1986 Ă  1990 – correspond pour l’auteur Ă  un moment de trĂšs grande crise personnelle, de panne dans la crĂ©ation littĂ©raire. La piĂšce n’est pas reçue de son vivant ; il Ă©crit peu et difficilement avant Les PrĂ©tendants unique piĂšce aboutie, Les Adieux avec une peine et une contention infinie, et il Ă©crit peu et difficilement aprĂšs deux ans au total sans Ă©criture personnelle. 4 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, 3 septembre 1988, p. 391. 5 Ibid., 9 octobre 1988, p. 406. 4Une Ă©trangetĂ© frappe dans la pĂ©riode critique du laboratoire de Juste la fin du monde Les Adieux ont Ă©tĂ© le premier titre de la piĂšce premiĂšre idĂ©e de la piĂšce en 1988, ainsi que le second titre du rĂ©cit que l’on connaĂźt sous ce nom aujourd’hui et qu’on appelle parfois le roman » de Lagarce premiĂšre idĂ©e du rĂ©cit en 1986. Lagarce lui-mĂȘme parle de version des Adieux pour le théùtre4, de version théùtrale du rĂ©cit. L’anomalie rĂ©side dans le fait que, lus successivement, les deux textes semblent n’entretenir aucun rapport. Le second n’a rien d’un sous-produit du premier, d’un fragment dĂ©tachĂ© ou d’une suite, d’un complĂ©ment pas de lien visible entre ces Ă©chantillons de genres Ă©loignĂ©s, seulement, peut-ĂȘtre, la prĂ©sence forte du personnage d’Antoine. La relation entre le rĂ©cit et la piĂšce, aux Ă©critures contiguĂ«s, est cependant explicitement posĂ©e par Lagarce Ă  plusieurs reprises, comme remplissant la mĂȘme fonction littĂ©raire d’Adieux, investie des mĂȘmes enjeux, Tenter de faire mes adieux avec Quelques Ă©claircies. Juste aprĂšs5. » Les deux textes interrogent l’impossibilitĂ© Ă  Ă©crire, Ă  faire Ɠuvre, Ă  ĂȘtre lu, Ă  laisser une trace pour la postĂ©ritĂ©. Ils constituent une sorte de pari ordalique, ça passe ou ça casse », qui a fonctionnĂ© pour Juste la fin du monde mais pas pour Les Adieux, restĂ© inĂ©dit. Trivialement, il est exact de dire que Les Adieux ça casse, mais que Juste la fin du monde, ça passe. Les deux productions se donnent pour des Ɠuvres ultimes, chargĂ©es d’apporter la preuve dĂ©finitive et in extremis du statut d’écrivain de littĂ©rature Ă  la lumiĂšre de la mort annoncĂ©e Ă  court terme. Paradoxalement, nihil novi dans l’Ɠuvre, mais une tentative de cristallisation de l’existant. Le rapport entre le rĂ©cit inĂ©dit Les Adieux et la piĂšce Juste la fin du monde procĂšde aussi du rapport gĂ©nĂ©ral entre tous les textes comme autant de parties du corps d’une Ɠuvre dont la mort permettra l’aboutissement et la rĂ©vĂ©lation posthume de la vie organique, Ă  la maniĂšre de la dialectique explorĂ©e dans Les Mots par Sartre. 6 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 166. J’ai pensĂ© aussi que j’étais trop pressĂ© et que l’Ɠuvre littĂ©raire prendrait la vie entiĂšre et que je ne saurais jamais rien en fait de son intĂ©rĂȘt6. 7 Ibid., p. 211. 8 Ibid., p. 216. 5L’Ɠuvre tout entiĂšre piĂšces / journal / rĂ©cit lie crise, angoisse face Ă  la mort, et rĂ©criture, ambition esthĂ©tique. La prĂ©sence de la maladie, son envahissement commencent bien avant la maladie rĂ©elle, dans la connivence du rapport aux garçons et de la mort, la connivence du rapport dangereux aux guerriers et de la mort, dans le pacte d’Eros et de Thanatos. C’est vrai depuis toujours, bien avant la dĂ©claration officielle du diagnostic de 1988 et l’annonce de la mort certaine et proche par la maladie. Deux grandes obsessions hĂ©roĂŻques organisent cette Ă©conomie psychique la fin et le retour. Que l’on examine les titres, y compris Histoire d’amour Derniers chapitres, qui montrent, techniquement, le mouvement de réécriture perpĂ©tuelle dans l’Ɠuvre personnelle, par exemple - 12 juillet 86 IncapacitĂ© d’écrire »7. Projet de la deuxiĂšme version d’Histoire d’amour sous le titre Derniers chapitres au constat amoureux ;- de ce projet sort d’abord Dernier remords avant l’oubli qui comporte les personnages d’Antoine et d’HĂ©lĂšne c’est mĂ©chant, un peu violent, dur »8 ;- suit le rĂ©cit Les Adieux oĂč l’on retrouve les personnages d’Antoine et d’HĂ©lĂšne, tout aussi mĂ©chant, dur, violent ;- puis Juste la fin du monde, avec les personnages de Louis et d’Antoine ;- variation J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne Ă©crit en 1994 ; le hĂ©ros revenant meurt comme une variante de l’épilogue de Juste la fin du monde ? ;- enfin, Le Pays lointain, englobement et amplification de Juste la fin du monde. 9 Ibid., p. 279. 6Si l’on en revient maintenant aux donnĂ©es factuelles de la réécriture entre Les Adieux et Juste la fin du monde, on peut se fonder sur l’évidence du jeu des titres pour le rĂ©cit Le Combat avec l’Enfant9 / Mes deux derniĂšres annĂ©es / Les Adieux. Pour la piĂšce Les Adieux / Et quelques Ă©claircies / Quelques Ă©claircies / Juste Ă  la fin du monde / Juste la fin du monde. Il est probable que la lecture de Mes parents joue un rĂŽle important dans ce double laboratoire rĂ©cit-pseudo-roman / théùtre. HervĂ© Guibert Ă©tait prĂ©sent au four de De Saxe, roman, en 1985 l’épisode correspond au dĂ©but du rĂ©cit qui porte le titre Les Adieux. La rĂ©fĂ©rence Ă  ce livre-lĂ , Mes parents, quand Lagarce autopsie » ses propres parents dans Les Adieux, s’impose. La figure de Guibert, Ă©crivain gĂ©nial dont on sait qu’il va mourir, se trouve toujours au bord de la route de Lagarce, via de nombreuses rĂ©fĂ©rences Ă  ses Ɠuvres et Ă  sa personne dans le Journal. 10 Ibid., 18 septembre 1986, p. 234. Ai relu Mes parents. Et puis la nuit j’ai Ă©crit Ă  HervĂ© Guibert une lettre assez longue pour lui dire combien ce livre m’avait bouleversĂ©10. 11 Ibid., p. 235. 12 Ibid., 12 janvier 1987, p. 245. 7Le projet du Combat avec l’Enfant, un enfant, tous les enfants, tous les autres
 »11 vient tout de suite aprĂšs, avec un titre guibertien Ai tentĂ© c’est le mot – une percĂ©e sur Le combat avec l’enfant. Ça fait peur12. » Le second titre du rĂ©cit le sera tout autant 13 Ibid., p. 280. Ai attaquĂ© assez sĂ©rieusement cela me fit un peu peur ce texte, Le Combat avec l’enfant. Cela s’appellera Mes deux derniĂšres annĂ©es sic !13 8Nous devons comprendre les deux derniĂšres annĂ©es de ma vie ». Le dramaturge ne sait pas encore officiellement qu’il est malade – mais il le sait, depuis toujours. Il ne meurt pas prĂ©maturĂ©ment la mort est toujours dĂ©jĂ  lĂ , le virus n’est que la rencontre, l’accomplissement d’une existence malheureuse. La vĂ©ritĂ© chez lui, l’alethia, le dĂ©voilement, le fait de dĂ©couvrir, de dĂ©nuder, dĂ©signe Ă  la fois la mort comme chez les moralistes – dire la vĂ©ritĂ© Ă  la lumiĂšre de la mort – et l’enjeu esthĂ©tique de la littĂ©rature – dire vrai, dire vraiment, dire en vĂ©ritĂ©. Les enjeux, les finalitĂ©s semblent les mĂȘmes pour le rĂ©cit et pour la piĂšce, comme en atteste le laboratoire littĂ©raire mis en scĂšne dans le Journal le destin, la genĂšse des deux textes sont liĂ©s, la difficultĂ© Ă  les crĂ©er extrĂȘme, et soulignĂ©e Ă  l’envi. Quelques exemples 14 Ibid., p. 235. 15 Ibid., p. 279. 16 Ibid., p. 282. Mais surtout terriblement dire la vĂ©ritĂ©. Cesser de mentir. [
] Et puis aussi, peut-ĂȘtre, serait ce enfin l’occasion d’écrire, parce que, ne nous racontons pas d’histoires, jusqu’à prĂ©sent, n’est-ce pas14...Tenter, au milieu du dĂ©sarroi, de retravailler sur Le Combat avec l’enfant. Mener ça Ă  terme, parce que lĂ  est la vĂ©ritĂ© mĂȘme si elle n’est pas bonne Ă  dire. [...] Un dĂ©jeuner hier avec la famille, le rebondissement Guibert d’aujourd’hui ne sont-ils pas des signes avant-coureurs15 ?Travail sur Mes deux derniĂšres annĂ©es. Travail sĂ©rieux. Dire la vĂ©ritĂ©, vraiment. Parfois, je m’éloigne, je raconte une histoire, je triche. Revenir Ă  la difficultĂ©. C’est Ă©puisant16. 17 Id. La formulation est Ă  rapprocher de celle employĂ©e Ă  propos du Combat avec l’Enfant Ce que ... 18 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1990-1995, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 62. 9Sur la mĂȘme page est formulĂ© le projet de Juste la fin du monde, le 11 fĂ©vrier 1988 Je vais m’atteler trĂšs vite Ă  une piĂšce. Une piĂšce courte qui me trottait dans la tĂȘte depuis quelque temps. Cela s’appelle Les Adieux17. » Plus tard, le roman Les Adieux est refusĂ© pour la seconde fois par POL. VoilĂ . Ne plus Ă©crire qu’ici ? AprĂšs Les Adieux, Juste la fin du monde et ce Journal vidĂ©o, comme autant de fins18. » 19 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit., p. 538. 20 Ibid., p. 539. 21 Ibid., p. 541. Travail assidu et trĂšs volontaire car ça ne vient pas mais alors pas du tout sur Quelques Ă©claircies. [
] Travail trĂšs besogneux sur Quelques tente d’une maniĂšre volontaire et quasiment dĂ©sespĂ©rĂ©e de travailler sur Quelques un peu avancĂ© sur Quelques Ă©claircies, un peu mais ce n’est pas ça, pas ça, pas ça du tout. ComplĂštement dĂ©lĂ©tĂšre sans raison21. 22 Ibid., p. 430. 23 Jean-Luc Lagarce, Les Adieux, dactylographie inĂ©dite, p. 92. 24 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit., p. 285, 10Les Adieux correspond au cahier xii du Journal22 et au dĂ©but du cahier xiii On trouve de nombreuses agrafes entre le rĂ©cit et le Journal. Souvent le rĂ©cit se loge dans les interstices les 
 ». Par exemple, Patricia la femme aux seins lourds » suscite du dĂ©goĂ»t dans le rĂ©cit23, alors que selon le Journal, elle a de jolis seins »24
 ! Ce qu’on perçoit de l’autocensure dans le Journal s’oppose au rĂ©cit beaucoup plus trash et cru, conformĂ©ment au projet radical de dire la vĂ©ritĂ©. 11Bref, les rĂ©ponses sont diffĂ©rentes Journal, piĂšce, rĂ©cit mais le problĂšme reste identique gĂ©rer la fin, la fin et le posthume quelle fin du monde » pour l’auteur ? Telle est la grande question du rĂ©cit Les Adieux, avec sa double proposition pour la fin alternative du tribunal des hommes qui le maltraitent violemment en Ă©nonçant un verdict quant Ă  la vie soit tout ce qui prĂ©cĂšde ou Ă  peu prĂšs Ils m’ont fait mal, trĂšs mal. Ils connaissaient ma vie ils m’en jetaient les morceaux ils m’insultaient », ou la douce vue d’Antoine souriant dans l’encadrement de la porte avec sa question Tu as besoin de quelque chose ? » 25 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, Classiques conte ... 26 Ibid., p. 50. 27 Ibid., p. 51. 28 Ibid., p. 53. 29 Ibid., p. 54. 30 Ibid., p. 55. 31 Ibid., p. 56. 32 Ibid., p. 57. 33 Ibid., p. 58. 12Juste la fin du monde procĂšde aussi de cette interrogation, du comment finir ? » Mais l’opĂ©ration qui crĂ©e le corps du texte restreint, Ă©vide, troue, oxygĂšne Ă  la diffĂ©rence du terrible mur qui tient debout » des Adieux et que le lecteur prend dans la figure. Mais l’opĂ©ration de crĂ©ation de la version théùtrale ajuste par l’obsession de l’exactitude et de la prĂ©cision, tout comme Antoine l’ajusteur construit des outils » et tout comme Catherine Ă  Louis, cherchant le mot exact » pour l’ajustage je ne saurais pas non plus expliquer toutes les petites opĂ©rations25
 » La sĂ©rie concernant la recherche du rĂ©glage de la langue importe dans la piĂšce je ne trouve pas les mots »26 ; sans pouvoir ni savoir jamais rien dire »27 ; le mot exact »28 ; Ce n’est pas ĂȘtre mĂ©chant, en effet, c’est plus juste29. » C’est Louis qui parle, juste signifie correct sur le plan grammatical ; simple, claire, prĂ©cise. Elle Ă©nonce bien »30 ; Ils t’expliquent mal »31 ; mal dit ou trop vite »32 ; juste deux ou trois mots »33. 13Si l’on revient maintenant au titre de la piĂšce Ă  la lumiĂšre de cette recherche de la justesse, on en trouve la trace dans le titre, augmentĂ©e d’une signification supplĂ©mentaire. Juste prend le sens de l’exactitude et aussi de la restriction seulement, uniquement. Juste la fin du monde exprime un renvoi autonymique sur la fin du monde » et dĂ©signe davantage l’expression figĂ©e c’est la fin du monde / ce n’est pas la fin du monde » qu’un Ă©vĂ©nement apocalyptique unique qui serait Ă  la fois une fin, un aboutissement et une rĂ©vĂ©lation mĂȘme si le sens religieux continue Ă  vibrer de façon ironique. Le jeu autonymique sur l’expression fin du monde » la pose donc comme la formule juste du texte. La fin du monde est un objet, un thĂšme, le thĂšme. Ce titre dĂ©signe la formule dĂ©signant le thĂšme comme exacte, juste, en mĂȘme temps que minimale – car il va bien falloir se demander ce que l’on soustrait pour en arriver juste Ă  cela ? Au-delĂ , elle dĂ©signe la piĂšce elle-mĂȘme, comme affaire rhĂ©matique » pour employer la terminologie de Genette, Juste » fonctionne alors comme le propos que l’on tient sur ce thĂšme, ce que l’on en dit. Le systĂšme du titre rend donc compte du jeu de la crĂ©ation de la piĂšce comme dialectique, dialogue dĂ©cisif des instances auctoriales et Ă©nonciatives au travers des solutions qui s’offrent au personnage de Louis, selon trois Ă©tapes. 14Au commencement, il y aurait d’abord l’hypothĂšse de la fin du monde – hypothĂšse simple et sereine. Tout disparaĂźt. RĂ©assurance, remĂšde efficace contre la peur, endormissement gĂ©nĂ©ral et merveilleux de type conte de fĂ©es ». 15Puis il y aurait une alternative, autre chose que la fin du monde ; la nĂ©gation, la destruction de la fin du monde. Exit la possibilitĂ© d’un effacement irĂ©nique. Place Ă  la violence totale et Ă  l’agressivitĂ© nĂ©e de la peur, place Ă  la nĂ©gativitĂ© et au dĂ©ferlement du mal et Ă  l’anĂ©antissement par la toute puissante mĂ©chancetĂ©. 16Enfin dĂ©passement, dialectique fine, retour Ă  la position premiĂšre depuis le savoir gagnĂ© du passage par la deuxiĂšme position, retour Ă  la crĂ©ation, Ă  la beautĂ©, Ă  la poĂ©sie, Ă  l’amour et Ă  l’émotion positive, retour au collectif. Fin de l’empĂȘchement. 17Le journal raconte la patience la douleur et le travail du nĂ©gatif » et la lutte pour la dialectique, bref le travail de synthĂšse si l’on veut utiliser la terminologie de Hegel. 34 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit, p. 543-544. J’ai un peu avancĂ© [
], et puis je bute Ă  nouveau, je pense qu’il y a lĂ  quelque chose d’important, tout prĂšs que je n’arrive pas Ă  atteindre. C’est la premiĂšre fois que je prends les choses avec autant de clairvoyance, ceci dit. Ce n’est pas bien, je recommence, je recommence. AppliquĂ©. Trop ? C’est ma derniĂšre piĂšce aussi, ou encore, si on veut ĂȘtre plus optimiste aprĂšs celle-lĂ , si je la termine, les choses seront diffĂ©rentes34. 35 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit, p. 65. 18Ce travail d’élaboration fait l’objet de la scĂšne centrale scĂšne 10 de la premiĂšre journĂ©e de la piĂšce qu’on pourrait paraphraser ainsi - au dĂ©but ce que l’on croit que le reste du monde pourrait disparaĂźtre avec moi {position 1 l’hypothĂšse simple} on se rĂ©pĂšte Ă  soi-mĂȘme cette solution comme aux enfants qu’on endort35
- puis l’ironie est revenue
 les regarder du ciel {position 2 l’ironie, facteur diabolique de division, quelque chose de chimique, un vitriol, va permettre une transformation ; nĂ©gation, destruction} ;- je deviens haineux / je dis du mal ! / Je vous dĂ©truis sans regret avec fĂ©rocitĂ© / Je vomis la haine elle m’apaise et m’épuise / je vous tue les uns aprĂšs les autres / Je pense du mal / Je ne vous ai jamais aimĂ© c’était des mensonges ;- enfin, {dĂ©but de rĂ©orientation ; Ă  quoi bon ? [
] cesser de jouer » ; 3e position, lancĂ©e par Mais.} Alors Je traverse Ă  nouveau le paysage en sens inverse. » 19Ainsi se manifeste un retour Ă©clairĂ© Ă  la position 1, mais affinĂ©e, clarifiĂ©e, purifiĂ©e, au terme de l’opĂ©ration de dĂ©capage par l’acide de l’ironie, le personnage d’Antoine prenant en charge le jugement et la condamnation de la position 2 comme complaisante et aporĂ©tique. Selon une telle interprĂ©tation, Antoine l’ajusteur n’est pas antagoniste mais secourable et adjuvant, car il seconde efficacement la dynamique soustractive du retour vers l’humanitĂ©, la sagesse et la crĂ©ation. 20Il semble que le rĂ©cit Les Adieux s’engouffre dans l’ensemble de cette scĂšne, oĂč il coĂŻncide grosso modo avec la position 2, soit la tentation de refuser la fin du monde pour juger dĂ©finitivement les survivants et les condamner. 36 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit, p. 282. Pourquoi est-ce que je fais ça ?Si je conduis jusqu’au bout cette affaire, je couperai tellement de choses, je les dĂ©truirai. J’en aurai fini. Ce sera comme mourir, disparaĂźtre. En ĂȘtre capable36. 21Tout entier engendrĂ© Ă  partir de ce choix, cette posture de l’ironie du mort mauvais et mĂ©diocre » qui manipule les vivants par vengeance pure, le rĂ©cit inĂ©dit intitulĂ© Les Adieux est un monologue irrespirable, tant on en retire l’impression d’une perversitĂ© absolument destructrice, sans jeu ni Ă©chappatoire possible, oĂč tout est vitriolĂ© par l’acide de l’ironie. Rien ne survit dans cette atmosphĂšre rarĂ©fiĂ©e, ni amitiĂ©, ni amour, ni affection, ni tendresse, ni sĂ©rĂ©nitĂ© les autres, saisis dans les engrenages de l’impossible machine Ă  dire la vĂ©ritĂ©, sont presque toujours privĂ©s de leurs paroles. Par opposition au dialogue de théùtre, trĂšs peu de style direct Ă©merge. 37 Ibid., p. 506. Nicole Collet de Théùtre Ouvert m’a dit beaucoup de bien des Adieux, mais qu’elle avait rarement lu quelque chose d’aussi dĂ©primant37. 38 Jean-Luc Lagarce, Les Adieux, dactylographie inĂ©dite, p. 11. 22Le four inaugural de De Saxe, roman, l’échec, la curĂ©e forment l’emblĂšme de tout le reste du rĂ©cit Ils attendent la mort du taureau, celle du torĂ©ador et l’incendie de l’arĂšne38. » Cependant le dĂ©tour par le rĂ©cit des Adieux est incontournable Ă  qui veut comprendre l’économie et la dynamique de Juste la fin du monde. 23Pour conclure, Juste dans le titre est le modalisateur, qui marque que la piĂšce est le rĂ©sultat d’une opĂ©ration, d’une expĂ©rimentation comme chimique ou alchimique il indique le diffĂ©rentiel introduit dans la position 1 par le passage Ă  la position 2 et le retour ultime de la phase 3 la retraversĂ©e du paysage, l’écart par rapport au simple la fin du monde ». Il permet la crĂ©ation en la dĂ©signant comme Ă©laboration, comme jeu fĂ©cond, comme mouvement fructueux et non pas comme rĂ©sultat achevĂ©, produit mortifĂšre, dalle de tombeau. 39 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit, p. 54. Ce n’est pas ĂȘtre mĂ©chant, en effet,c’est plus juste39. 24Nous tenons lĂ  la preuve que c’était bien juste » et que le titre de la piĂšce dĂ©signait bien la piĂšce elle-mĂȘme ce n’était pas la fin du monde, c’était juste la fin du monde le mĂȘme jeu permettra d’engendrer, cinq ans aprĂšs, Le Pays lointain qui redit le passage initiatique, qui rĂ©crit un nouveau retour, et rejoue en l’amplifiant la genĂšse de Juste la fin du monde. La mĂȘme dynamique initiatique est prise en charge cette fois, non par Louis, mais par le personnage de l’amant-mort-dĂ©jĂ , ce qui la rend encore plus opĂ©ratoire. 25Faut-il aller plus loin que cette solution philosophique Ă©lĂ©gante Ă  la question de Comment crĂ©er avec la mort, que faire de la mort ? », que cette construction de la vĂ©ritĂ© comme passage et comme dialectique ? Il est certes utile pour le lire de ne jamais oublier le rĂ©fĂ©rentiel philosophique de Jean-Luc Lagarce, mĂȘme surtout s’il le convoque peu explicitement. Faudrait-il, en outre, esquisser un modĂšle hermĂ©neutique d’inspiration protestante qui ferait coĂŻncider dans l’épiphanie de la parole justesse et justice position 1 = abandon Ă  la transcendance, position 2 = captation toute puissante de la transcendance, position 3 = renoncement Ă  la transcendance ? Nulle nĂ©cessitĂ© ici, car selon Juste la fin du monde, la littĂ©rature – et elle seule – dit la fin et le retour. Haut de page Notes 1 Nous ne retenons pas ici l’hypothĂšse interprĂ©tative de Xavier Dolan sur le titre, telle que lisible dans la phrase suivante tirĂ©e du film C’est un repas de famille, c’est pas la fin du monde ». 2 Professeure Ă©mĂ©rite, UniversitĂ© de Lille iii. 3 Le Voyage de Madame Knipper vers la Prusse orientale y Ă©tait certes entrĂ© avant, en 1982, mais pour des reprĂ©sentations sur la petite scĂšne de l’OdĂ©on. 4 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, 3 septembre 1988, p. 391. 5 Ibid., 9 octobre 1988, p. 406. 6 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 166. 7 Ibid., p. 211. 8 Ibid., p. 216. 9 Ibid., p. 279. 10 Ibid., 18 septembre 1986, p. 234. 11 Ibid., p. 235. 12 Ibid., 12 janvier 1987, p. 245. 13 Ibid., p. 280. 14 Ibid., p. 235. 15 Ibid., p. 279. 16 Ibid., p. 282. 17 Id. La formulation est Ă  rapprocher de celle employĂ©e Ă  propos du Combat avec l’Enfant Ce que je voulais dire et cela me trotte dans la tĂȘte depuis de nombreuses semaines, plusieurs mois Ă  vrai dire,
 » Ibid., p. 235. 18 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1990-1995, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 62. 19 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit., p. 538. 20 Ibid., p. 539. 21 Ibid., p. 541. 22 Ibid., p. 430. 23 Jean-Luc Lagarce, Les Adieux, dactylographie inĂ©dite, p. 92. 24 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit., p. 285, 25 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, Classiques contemporains », 2012, p. 53. 26 Ibid., p. 50. 27 Ibid., p. 51. 28 Ibid., p. 53. 29 Ibid., p. 54. 30 Ibid., p. 55. 31 Ibid., p. 56. 32 Ibid., p. 57. 33 Ibid., p. 58. 34 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit, p. 543-544. 35 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit, p. 65. 36 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit, p. 282. 37 Ibid., p. 506. 38 Jean-Luc Lagarce, Les Adieux, dactylographie inĂ©dite, p. 11. 39 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit, p. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Maryse Adam-Maillet, Ce que signifie juste » dans Juste la fin du monde », SkĂ©n&graphie, 5 2018, 23-32. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Maryse Adam-Maillet, Ce que signifie juste » dans Juste la fin du monde », SkĂ©n&graphie [En ligne], 5 2018, mis en ligne le 01 janvier 2019, consultĂ© le 26 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Maryse Adam-MailletMaryse Adam-Maillet est Inspectrice PĂ©dagogique RĂ©gional au rectorat de Franche-ComtĂ© et a publiĂ© des Ă©tudes consacrĂ©es Ă  Zola et Camus. En 2007, elle a organisĂ© la publication du volume collectif Lire un classique du XXe siĂšcle Jean-Luc Lagarce, coĂ©dition ScĂ©rĂ©n / Solitaires intempestifs. Par ailleurs, elle a publiĂ© diffĂ©rents articles sur le français comme langue de scolarisation et sur les Ă©lĂšves allophones. Elle prĂ©pare une thĂšse sur ce de page Droits d’auteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page
ExplicationlinĂ©aire. Conclusion. LE TEXTE. Antoine. Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, extrait de la scĂšne 11. INTRODUCTION. « Tu crois que tu me connaĂźtrais parce que je suis ton frĂšre ?». C’est par cette apostrophe que Antoine fait comprendre Ă  Louis qu’il ne suffit pas nĂ©cessairement d’avoir des liens de sang pour avoir
Les crises dĂ©passent-elles la parole dans Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce ? Introduction Le théùtre classique nous avait habituĂ©s Ă  des rĂ©pliques ciselĂ©es, des arguments dĂ©jĂ  longuement mĂ»ris, une pensĂ©e qui se conçoit bien et s’énonce clairement, des alexandrins Ă©quilibrĂ©s
 Et voilĂ  qu’on dĂ©couvre chez Jean-Luc Lagarce des vers libres trĂšs longs ou trĂšs courts, des personnages qui hĂ©sitent, qui se reprennent et se corrigent sans cesse Je suis fascinĂ© par la maniĂšre dont, dans la vie, les conversations, les gens — et moi en particulier — essaient de prĂ©ciser leur pensĂ©e Ă  travers mille tĂątonnements
 Au-delĂ  du raisonnable. Jean-Luc Lagarce, Entretien pour Lucien Attoun, Vivre le théùtre et sa vie », 16 juin 1995. Ces tĂątonnements, c’est la fameuse figure de l’épanorthose reformuler pour mieux dire. Mais Lagarce prĂ©cise bien “au-delĂ  du raisonnable”, comme s’il ne s’agissait pas tant de mieux dire, que d’insister sur une parole insuffisante, des doutes, des silences, qui dĂ©passent la parole elle-mĂȘme, pour rĂ©vĂ©ler des crises. Dans quelle mesure la parole permet-elle d’exprimer les crises qui hantent cette piĂšce de Jean-Luc Lagarce ? > Pour vous aider Ă  suivre le raisonnement Ă©tape par Ă©tape, je vais annoncer mes grandes parties au fur et Ă  mesure
 > Et pour retrouver toutes mes vidĂ©os et documents sur cette Ɠuvre, rendez-vous sur mon site www . mediaclasse . fr PremiĂšre partie Les mots des crises D’abord, les crises passent Ă  travers des mot prĂ©cis, choisis avec soin. On recherche celui qui sera le mieux adaptĂ© Ă  la situation. Quand Antoine reproche Ă  sa femme d’ennuyer son frĂšre en parlant de ses enfants, Louis rĂ©pond Ce n’est pas mĂ©chant, c’est 
 dĂ©plaisant. Partie 1, scĂšne 2, Et en effet, Antoine doit sans cesse se dĂ©battre avec les Ă©tiquettes et notamment les adjectifs qualificatifs qui lui collent Ă  la peau dĂ©plaisant 
 brutal 
 dĂ©sagrĂ©able » ANTOINE. — Je ne suis pas un homme brutal, ce n’est pas vrai, c’est vous qui imaginez cela, [...] je ne le suis pas et ne l’ai jamais Ă©tĂ©. Partie 2, scĂšne 2, C’est d’ailleurs le cas de chaque personnage, qui sont tous bien plus complexes et ambivalents que ne le laissent entendre ces Ă©tiquettes. Pour creuser la question, j’analyse chaque personnage, dans une vidĂ©o spĂ©ciale, sur mon site. Mais une Ă©tiquette plus fatale encore que l’adjectif qualificatif, c’est le nom propre
 Comme l’explique Catherine, Louis » c’est avant tout le prĂ©nom de votre pĂšre ». D’une maniĂšre implicite, comme dans une dynastie, les responsabilitĂ©s du pĂšre sont transmises au fils aĂźnĂ©. Le nom propre porte la fatalitĂ© du drame familial. Une autre chose qui donne du poids aux paroles la confidence. Quand le mot est adressĂ© en privĂ©, quand il n’est pas laissĂ©, comme le dit Suzanne Ă  tous les regards », il prend naturellement plus d’importance. Chaque membre de la famille aura quelque chose Ă  dire Ă  Louis, seul Ă  seul. SUZANNE. — Nous Ă©prouvons les uns et les autres, ici, tu le sais, [...] une certaine forme d'admiration, c'est le terme exact, une certaine forme d'admiration pour toi. Partie 1, scĂšne 2, Que cache ce mot admiration » ? Est-ce que c’est vraiment le terme exact ? Est-ce que derriĂšre, il n’y a pas le dĂ©sir de faire la mĂȘme chose, mais sans oser le faire, une certaine jalousie, une certaine amertume, et donc, une manifestation de la crise familiale ? Les mots de la mĂšre jouent un rĂŽle important dans la crise familiale. D’abord, ce sont les mots du passĂ© le dimanche, on allait se promener » qui ne sont en fait que des reproches. LA MÈRE. — Ils ne voulurent plus venir avec nous, ils allaient chacun de leur cĂŽtĂ© faire de la bicyclette, chacun pour soi, et nous seulement avec Suzanne, cela ne valait plus la peine. ANTOINE. — C'est notre faute. SUZANNE — Ou la mienne. Partie 1, scĂšne 4, Mais plus souvent encore, les mots de la mĂšre sont associĂ©s au futur, un futur prophĂ©tique qui prĂ©pare les crises, qui les rend pratiquement inĂ©vitables LA MÈRE. — Ils veulent te parler, tout ça 
 ils voudront t’expliquer mais ils t’expliqueront mal 
 ils seront brutaux. Partie 1, scĂšne 8, Exactement comme la Pythie antique, qui utilise des mots, mais sans rĂ©ellement se rendre compte de leur rĂ©elle portĂ©e. Au point que la prophĂ©tie amĂšne sa propre rĂ©alisation. Et enfin, mĂȘme lorsque les personnages gardent le silence, c’est pour souligner le poids des mots. Antoine se tait pour donner l’exemple », Suzanne se dit proportionnellement silencieuse » comme pour conjurer le danger des mots. Les mots ont leur importance, mais on le voit dĂ©jĂ , ils ne sont jamais suffisants tout seuls nom propre, Ă©tiquette dĂ©finitoire, confidence, prophĂ©tie, invitation au silence
 Ils testent sans cesse les limites du langage. DeuxiĂšme partie Les crises au-delĂ  des mots Les paroles cachent souvent une attitude, un geste, plus rĂ©vĂ©lateurs que le mot lui-mĂȘme. Comme si Lagarce confiait les didascalies aux personnages
 Suzanne s’étonne quand Louis serre la main de Catherine, Antoine compare sa sƓur Ă  un Ă©pagneul, etc. Ces gestes qui ont un sens cachĂ©, aident Ă  comprendre la premiĂšre scĂšne de la piĂšce je vous en propose une explication linĂ©aire en vidĂ©o, sur mon site. Les gestes semblent mĂȘme jouer un rĂŽle clĂ© dans le destin fatal des personnages. Au moment du dĂ©part de Louis, La MĂšre lui caresse la joue, comme pour confirmer la rĂ©alisation de ses prophĂ©ties LOUIS. — Elle, elle me caresse une seule fois la joue, doucement, comme pour m'expliquer qu'elle me pardonne je ne sais quels crimes, et ces crimes que je ne me connais pas, je les regrette. Partie 2, scĂšne 1, Quoi qu’il arrive, La MĂšre pardonne d’avance son fils avec cette expression il a toujours fait ce qu’il avait Ă  faire »  Étrange tournure oĂč le pronom relatif ce que » renvoie automatiquement, en dehors de la chaĂźne parlĂ©e, Ă  n’importe quelle action. Logique tautologique qui se prouve elle-mĂȘme, oĂč les actes dĂ©finissent les devoirs Ă  l’avance. De façon plus subtile, le ton de la voix est plus Ă©vocateur que les mots eux-mĂȘmes. Par exemple, pendant l’intermĂšde, la dispute entre les deux frĂšres a remis en cause tous les Ă©quilibres
 pas besoin de savoir exactement son contenu CATHERINE. — Vous vous disputiez, [...] on entendait Antoine s'Ă©nerver et c'est maintenant comme si tout le monde Ă©tait parti et que nous soyons perdus. IntermĂšde, scĂšne 5, Parfois mĂȘme, il suffit de rĂ©pĂ©ter des mots vides de sens, en changeant lĂ©gĂšrement le ton, pour exprimer un dĂ©saccord, pour dĂ©clencher la crise LOUIS. — Oui, je veux bien, un peu de cafĂ©, je veux bien. ANTOINE. — Je veux bien, un peu de cafĂ©, je veux bien. » CATHERINE. — Antoine ! Partie 1, scĂšne 9, C’est mĂȘme le chant qui permet Ă  Louis de s’avouer une chose grave — sa crainte excessive des liens affectifs LOUIS. — Je me le chantonne pour entendre juste le son de ma voix la pire des choses serait que je sois amoureux. IntermĂšde, Souvent mĂȘme, pas besoin des mots, il suffit d’entrer dans un rĂŽle. Louis est tour Ă  tour messager, voyageur, hĂ©ros tragique
 DĂšs que possible, il se donne le beau rĂŽle ANTOINE. — Lorsqu'on Ă©tait plus jeunes, [...] on se battait toujours et [...] celui-lĂ  [...] se laissait battre, perdait en faisant exprĂšs et se donnait le beau rĂŽle. Partie 2, scĂšne 2, La derniĂšre scĂšne de la piĂšce, qui vient juste aprĂšs, permet justement Ă  Antoine de mieux dĂ©noncer les supercheries de Louis. Pour aller plus loin, je vous en propose une explication linĂ©aire dans une vidĂ©o spĂ©ciale, sur mon site. Louis le dit lui-mĂȘme c’est en rĂ©alitĂ© une maniĂšre d’accuser son frĂšre sans avoir besoin d’utiliser la parole. LOUIS. — Il semble vouloir me faire dĂ©guerpir, c'est l'image qu'il donne, c'est l'idĂ©e que j'emporte. Il ne me retient pas, et sans le lui dire, j'ose l'en accuser. Partie 2, scĂšne 1, Ce que fait Louis, c’est qu’il utilise une expression toute faite, qui vient justement jouer sur les limites du mot agrĂ©able » . Et Antoine tombe dans le piĂšge LOUIS. — Cela joint l'utile Ă  l'agrĂ©able. ANTOINE. — C'est cela, voilĂ , exactement, comment est-ce qu'on dit ? d'une pierre deux coups ». Partie 2, scĂšne 2, Dans la bouche d’Antoine, cette pierre Ă©voque bien l’arme d’un crime, ce qui dĂ©clenche la rĂ©action de Suzanne SUZANNE — Ce que tu peux ĂȘtre dĂ©sagrĂ©able, [...] tu vois comme tu lui parles, tu es dĂ©sagrĂ©able, ce n'est pas imaginable. Partie 2, scĂšne 2, Les paroles renvoient Ă  des expressions toutes faites, ou Ă  d’autres textes, qui dĂ©teignent sur les mots eux-mĂȘmes. Louis ne peut pas se dire Ă©tranger » sans faire surgir en nous le HĂ©ros tragique de Camus, Meursault, condamnĂ© Ă  mort pour n’avoir pas pleurĂ© Ă  l’enterrement de sa mĂšre. LOUIS. — Je pense du mal. Je n'aime personne, je ne vous ai jamais aimĂ©s, c'Ă©tait des mensonges, [...] Je dĂ©cide de tout, la Mort aussi, elle est ma dĂ©cision Je suis un Ă©tranger. Je me protĂšge. Partie 1, scĂšne 10, Ces rĂ©fĂ©rences Ă  la littĂ©rature de l’absurde, Ă  Camus et Beckett, mais aussi Ă  la Bible, Ă  CaĂŻn et Abel, au fils prodigue, tout cet intertexte laisse planer les menaces d’un dieu invisible, silencieux, ou sur le point de mourir. Au-delĂ  des paroles et au-delĂ  des mots, tous les moyens du théùtre sont mis en Ɠuvre, comme si le théùtre lui-mĂȘme devenait insuffisant pour ces crises, comme s’il Ă©tait lui-mĂȘme en crise. TroisiĂšme partie La parole théùtrale en crise D’abord, les mots ne cessent de lutter contre eux-mĂȘmes, de se dĂ©noncer eux-mĂȘmes. C’est le cas dans la prĂ©tĂ©rition par exemple dire une chose en affirmant qu’on ne la dit pas CATHERINE. — Ce n’est pas un reproche, [...] je ne voudrais pas avoir l’air de vous faire un mauvais procĂšs. Partie 1, scĂšne 6, Avec cette prĂ©tĂ©rition, Catherine tente de dĂ©samorcer d’avance l’interprĂ©tation qu’on pourrait faire de ses paroles. L’épanorthose reprĂ©sente exactement cette crise de la parole qui se combat elle-mĂȘme, oĂč chaque mot ajoutĂ© tente d’effacer les mots dĂ©jĂ  prononcĂ©s. On le voit par exemple dans le prologue avec la persistance du verbe annoncer ». LOUIS. — Pour annoncer, dire, seulement dire, ma mort prochaine et irrĂ©mĂ©diable, l'annoncer moi-mĂȘme, en ĂȘtre l'unique messager, Prologue, Ce prologue donne des clĂ©s de comprĂ©hension de toute la piĂšce, notamment parce qu’il rĂ©vĂšle la dimension symbolique du personnage de Louis. Pour bien en comprendre tous les tenants et aboutissants, je dĂ©veloppe cette analyse dans une vidĂ©o d’explication linĂ©aire, spĂ©cialement sur le prologue. Et si le théùtre Ă©tait lui-mĂȘme un personnage en crise, un personnage sur le point de mourir ? C’est ce que suggĂšre Lagarce lui-mĂȘme Il s’agit de refuser la convention et de fait, l’utilisation du théùtre comme simple divertissement [...]. Il s’agit [...] que le théùtre aille Ă  sa perte c’est lĂ  le seul théùtre possible. Jean-Luc Lagarce, Théùtre et pouvoir en occident, 1980-2011. Alors, Louis pourrait reprĂ©senter symboliquement ce personnage tragique qui nous inspire aujourd’hui un mĂ©lange de fascination et de mĂ©fiance. C’est la supercherie qu’Antoine tente de dĂ©masquer ANTOINE. — Tu es pris Ă  ce rĂŽle — [...] que tu as toujours eu de tricher, de te protĂ©ger et de fuir. [...] C'est ta maniĂšre Ă  toi, ton allure, le malheur sur le visage. Partie 2, scĂšne 3, Et voilĂ  pourquoi Antoine et Suzanne se mĂ©fient des histoires, de ceux qui Ă©noncent bien le personnage de théùtre, par son pouvoir de sĂ©duction, par ce jeu qui dĂ©passe les paroles, est un personnage dangereux. ANTOINE. — Je te vois assez bien, tu vas me raconter des histoires. [...] Tu sais bien faire, c'est une mĂ©thode, c'est juste une technique pour noyer et tuer les animaux. Partie 1, scĂšne 11, D’une certaine maniĂšre, ce sont des avertissements au spectateur lui-mĂȘme. Ce qui donne du poids aux paroles, au-delĂ  des mots employĂ©s et des gestes, c’est la double Ă©nonciation, propre au théùtre chaque rĂ©plique est aussi, indirectement, adressĂ©e au spectateur. ANTOINE. — J’ai fini, je ne dirai plus rien. Seuls les imbĂ©ciles, ou ceux-lĂ , saisis par la peur, auraient pu en rire. Partie 2, scĂšne 3, Dans cet exemple, Antoine semble presque faire un signe Ă  la salle en mĂȘme temps qu’il rĂ©pond Ă  Louis. Ironiquement, il nous fait remarquer que nous sommes saisis de terreur et de pitiĂ©, nous sommes dupes de l’illusion tragique
 À d’autres moments, les personnages eux-mĂȘmes renforcent la prĂ©sence des spectateurs sur scĂšne. Par exemple, dans la scĂšne finale, la MĂšre, Suzanne et Catherine, sont prĂ©sentes mais ne disent rien LA MÈRE. — Nous ne bougeons presque plus, nous sommes toutes les trois, comme absentes, on les regarde, on se tait. Partie 2, scĂšne 3, Et la piĂšce se termine, non pas vraiment par des paroles, mais par l’évocation d’un cri, qui n’a pas Ă©tĂ© poussĂ© LOUIS. — Ce que je pense [...] c'est que je devrais pousser un grand et beau cri, [...] que c'est ce bonheur-lĂ  que je devrais m'offrir, hurler une bonne fois, mais je ne le fais pas, je ne l'ai pas fait. Épilogue, Cet Épilogue Ă©claire rĂ©trospectivement la piĂšce, et nous aide Ă  mieux comprendre le personnage de Louis. Je vous en propose une explication linĂ©aire en vidĂ©o, sur mon site. Ce cri qui n’a pas Ă©tĂ© poussĂ©, nous laisse penser que les crises n’ont pas Ă©tĂ© rĂ©solues Louis va mourir avec son cri sur le cƓur, et les autres membres de la famille vont certainement vivre avec cette culpabilitĂ© de n’avoir pas su l’écouter. Mais ce cri qui n’a pas Ă©tĂ© poussĂ©, a bel et bien Ă©tĂ© entendu par les spectateurs, ce qui laisse penser que peut-ĂȘtre ces crises, grĂące au théùtre, auront peut-ĂȘtre Ă©tĂ© rĂ©solues, en dehors du théùtre, quand ça ? HĂ© bien en ce moment mĂȘme, lorsque nous dĂ©battons du sens de cette piĂšce, lorsque nous prenons conscience des cris que nous avons besoin de pousser, nous aussi, pour surmonter nos crises. Conclusion Dans Juste la fin du Monde, la parole est fondatrice, c'est elle qui provoque les crises. Les mots ont leur poids, ils sont choisis avec soin. Ils deviennent des Ă©tiquettes, ou pire encore, des noms propres ou des prophĂ©ties. Mais ces mots ont un tel poids aussi parce qu'ils cachent des actes. Ils servent d'excuse Ă  des absences, ils sont remplacĂ©s par des gestes ou par une simple intonation. Au théùtre, la parole dĂ©pend d’un rĂŽle. Et voilĂ  pourquoi les diffĂ©rentes crises que rencontrent les personnages sont peut-ĂȘtre en dĂ©finitive une maniĂšre d'interroger le théùtre lui-mĂȘme
 Et si l'ancien rĂŽle de la tragĂ©die, qui Ă©tait de commenter et de juger les affaires de la citĂ©, Ă©tait utilisĂ© aujourd'hui pour juger le théùtre lui-mĂȘme, sa capacitĂ© Ă  apaiser nos propres crises existentielles, individuelles et collectives ? [...] Soutenez le site et accĂ©dez au contenu complet. ⇹ Lagarce, Juste la fin du monde đŸŽžïž Les enjeux de la parole diaporama ⇹ Lagarce, Juste la fin du monde 🧠 Dissertation sur les enjeux de la parole ⇹ Lagarce, Juste la fin du Monde 🎧 Les enjeux de la parole dissertation-thĂ©matique DansJuste la fin du monde, L’hapax serait ce passage de la scĂšne 3 de la seconde partie, dans un soliloque d’Antoine, oĂč il Ă©voque son Ă©tat malheureux par sympathie avec son frĂšre : « comme toujours les plus jeunes frĂšres se croient obligĂ©s de / l’ĂȘtre par imitation et inquiĂ©tude » (Juste la fin du monde, p. 97). On peut naturellement y voir une valorisation expressive au ï»żJuste la fin du monde analyse des personnages. La piĂšce de Jean-Luc Lagarce propose des personnages particuliĂšrement intĂ©ressants Ă  analyser. De plus, ceux-ci permettent de nous interroger sur le thĂšme du parcours associĂ© crise individuelle, crise familiale ». D’abord, il est le personnage aĂźnĂ©. D’ailleurs, il porte le mĂȘme prĂ©nom que son pĂšre avant lui et que le premier nĂ© des enfants d’Antoine. Il revĂȘt ainsi un rĂŽle dĂ©terminant dans la famille, il semble ĂȘtre celui qui sera Ă  la tĂȘte de la cet aĂźnĂ© a quittĂ© la maison familiale, pour une raison qui est tue, il y a plus de dix ans. Son retour, Ă  l’instar de celui du fils prodigue, suscite les passions au sein de la plus, dĂšs le prologue, Louis apparaĂźt comme un personnage tragique. Sa dĂ©cision de retourner voir sa famille tĂ©moigne pourtant d’une volontĂ© de rĂ©sister, de maĂźtriser au moins l’annonce de sa fin Louis est un personnage mutique. Il Ă©coute sans intervenir et semble rester extĂ©rieur aux remarques des autres membres de la famille. Par exemple, lorsque Suzanne fait son monologue. explication linĂ©aire du monologue de Suzanne Il Ă©coute sans rĂ©agir aux propos de sa outre, il est Ă©crivain, il a donc une figure d’intellectuel. D’ailleurs, il cherche le mot juste voir l’usage de lĂ©panorthose. Il apparaĂźt donc comme opposĂ© Ă  son frĂšre Antoine. Effectivement Antoine travaille dans une usine. Il incarne donc le manuel. D’ailleurs, sa femme et lui habitent, selon les propos de Suzanne, un petit pavillon trĂšs il est trĂšs en colĂšre. D’une part, il semble avoir souffert du dĂ©part de son frĂšre et d’autre part, il semble souffrir de leur grande Ă  Louis qui parle peu mais avec aisance, Antoine est maladroit et parfois mĂȘme grossier. Par certains aspects, il apparaĂźt comme le miroir de Suzanne. Leur langage trahit leur bouillonnement intĂ©rieur quand Louis apparaĂźt placide. D’abord, elle est beaucoup plus jeune que ses frĂšres. Elle n’a donc pas un souvenir prĂ©cis des moments partagĂ©s avec Louis. Elle n’était alors qu’une elle semble enthousiaste Ă  l’idĂ©e de retrouver ce frĂšre aĂźnĂ© dont on imagine qu’il a suscitĂ© beaucoup de conversations familiales pendant cette dĂ©cennie d’ elle va trĂšs rapidement se trouver submergĂ©e par son Ă©motion. L’enthousiasme laisse place aux reproches. voir le monologueComme son frĂšre et sa mĂšre, elle incarne une classe sociale laborieuse mais peu fortunĂ©e. Louis, Ă  l’inverse semble ĂȘtre sorti de ce milieu et avoir atteint une sphĂšre plus aisĂ©e. Ainsi, elle n’a pas de voiture Ă  elle, elle la partage avec sa mĂšre, de mĂȘme qu’elle n’a pas de domicile Ă  elle, elle a conservĂ© sa chambre dans la maison familiale. 4. LA MERE D’abord, il faut noter que la mĂšre est le seul personnage Ă  n’avoir pas de prĂ©nom. Elle semble incarner le symbole de toutes les mĂšres plutĂŽt qu’une mĂšre Ă  l’instar du pĂšre dans la parabole du fils prodigue, elle est heureuse de retrouver son fils. Mais, comme Suzanne, son enthousiasme se transforme en reproches. Elle peine Ă  montrer clairement son amour et sa joie Ă  son plus, elle s’interpose entre ses enfants pour maintenir le calme lorsque les tensions s’ elle incarne une mĂ©moire du passĂ© familial. Elle rappelle les moments heureux du passĂ©, vĂ©cus avec le pĂšre. Ainsi, les dimanches sont Ă©voquĂ©s avec nostalgie. MalgrĂ© le manque d’argent qui ne permettait pas de partir en vacances, elle est nostalgique de ces moments oĂč tous Ă©taient rĂ©unis. 5. CATHERINE C’est un personnage singulier et intĂ©ressant. Elle ne partage pas le mĂȘme sang puisqu’elle est l’épouse d’Antoine. Elle n’a pas connu Louis avant son elle se montre sympathique et s’efforce d’aider Louis Ă  rattraper le temps passĂ©. Elle lui parle de leur mariage auquel il n’a pas assistĂ©, Ă  la naissance des enfants qu’il n’a pas apparaĂźt un peu comme une intermĂ©diaire entre les deux frĂšres mais elle se refuse Ă  prendre la parole en lieu et place d’Antoine lorsque Louis l’interroge. CONCLUSION JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE Nous espĂ©rons que cette fiche JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE » a pu ĂȘtre utile. N’hĂ©site pas Ă  poster tes commentaires ou questions dans les commentaires ci-dessous. –Biographie de Jean-Luc Lagarce –Dissertation Juste la fin du monde -Explication linĂ©aire du prologue de Juste la fin du monde –Explication linĂ©aire du monologue de Suzanne –Explication linĂ©aire de l’épilogue Navigation des articles Pour s'amĂ©liorer en français marrede la dictature sanitaire; airbag spark 2 problĂšme; thenie per djalin; dĂ©montage structure mĂ©tallique; julie bertin benoĂźt paire; prendre rendez vous toilettage jardiland bonneuil juste la
Explication linĂ©aire Partie 2 scĂšne 3 Juste la Fin du monde de Jean-Luc Lagarce Introduction Dans son mĂ©moire de philosophie, Jean-Luc Lagarce dĂ©crit ce qui est pour lui, une dimension importante du rĂŽle du dramaturge Le dramaturge joue les francs-tireurs », refusant d’entrer dans l’institution que les siĂšcles passĂ©s ont construite autour du théùtre il est dĂ©sormais de son devoir de dĂ©monter et de dĂ©montrer les mĂ©canismes de la supercherie. Jean-Luc Lagarce, Théùtre et pouvoir en occident, 1980-2011. HĂ© bien, il semblerait que c'est exactement ce qu'il fait dans Juste la fin du Monde il met en scĂšne un hĂ©ros tragique, Louis, qui reprĂ©sente bien les mĂ©canismes traditionnels Ă  la fois innocent et coupable, Ă©crasĂ© par son destin, il suscite la terreur et la pitiĂ©. En cela il ressemble bien Ă  un certain Oedipe, PhĂšdre ou IphigĂ©nie
 Mais dans notre passage, Antoine nous oblige Ă  poser un nouveau regard sur son frĂšre, l'accusant de jouer un rĂŽle. On est alors obligĂ©s de se demander et si le personnage tragique n'Ă©tait qu'un acteur, jouant les HĂ©ros pour mieux nous sĂ©duire ? Et si quelqu'un osait monter sur scĂšne pour dĂ©noncer la supercherie ? VoilĂ  pourquoi ce passage est le point culminant de la piĂšce Antoine rĂ©vĂšle et dĂ©nonce ce que cachent les attitudes et les silences de Louis. La crise familiale le dĂ©part de Louis c'est un prĂ©cĂ©dent, comme si la piĂšce avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© jouĂ©e une fois. Les rĂŽles sont bouleversĂ©s, ce qui va, non pas dĂ©truire le sentiment tragique, mais en quelque sorte, le dĂ©placer
 Comment Jean-Luc Lagarce utilise-t-il ce drame familial pour rendre visible les stratagĂšmes du personnage tragique ? Je vais annoncer les mouvements et citer le texte trĂšs clairement au fur et Ă  mesure, pour que vous puissiez bien suivre. Pour retrouver tous mes documents et toutes mes vidĂ©os sur cette Ɠuvre, rendez-vous sur mon site Premier mouvement Des accusations en miroir Ce premier mouvement, on pourrait l'appeler Accusations en miroir » parce que Antoine se donne la difficile tĂąche de dĂ©noncer ce qu'il appelle les accusations sans mots de Louis. Tu es lĂ  devant moi, je savais que tu serais ainsi, Ă  m’accuser sans mot, Ă  te mettre debout devant moi Ă  m’accuser sans mot, Accuser sans mot » on touche Ă  l'oxymore l'association de deux idĂ©es incompatibles. Comment peut-on accuser sans mot ? Antoine dit que son frĂšre l'accuse, juste en Ă©tant lĂ , avec le verbe d'Ă©tat. Être coĂŻncide avec une posture, remplace des paroles qui le rendent coupable aux yeux des autres. Ensuite Antoine dĂ©veloppe cette mĂȘme idĂ©e avec une pĂ©riphrase en plusieurs mots te mettre debout devant moi » comme pour mieux transformer le verbe d'Ă©tat en verbe d'action. En latin, se tenir debout, c'est le verbe stare qui participe justement Ă  l'Ă©tymologie du verbe ĂȘtre, et qui donne aussi le mot statue ». Les accusations de Louis, ne passent pas tant par les mots que par les attitudes
 Cette accusation d'Antoine nous invite Ă  relire la piĂšce pour trouver ces moment oĂč en effet Louis rĂ©ussit Ă  rendre Antoine coupable, sans mots. DĂšs la premiĂšre scĂšne de la piĂšce, par exemple je ne t'en veux pas, mais tu m'as mis mal Ă  l'aise ». C'est bien un reproche, mais il est dissimulĂ© par la premiĂšre nĂ©gation, et remplacĂ© par une sensation physique de gĂȘne. Autre exemple, juste avant notre passage LOUIS. — Il n'a pas Ă©tĂ© brutal, je ne vois pas ce que vous voulez dire. ANTOINE. — Oh, toi, ça va, la BontĂ© mĂȘme » ! Bien sĂ»r, Louis fait preuve de fausse naĂŻvetĂ© il est trop habile pour ne pas voir ce que les autres veulent dire. Ici, le tour de force vient donc du fait que Louis semble vĂ©ritablement Ă©tonnĂ©. Alors, tout l'enjeu va consister Ă  faire tomber son masque d'acteur. Or justement, on trouve bien cette idĂ©e que Louis est un acteur, et mĂȘme surtout, un acteur de tragĂ©die et je te plains, et j’ai de la pitiĂ© pour toi, c’est un vieux mot, mais j’ai de la pitiĂ© pour toi, et de la peur aussi, et de l’inquiĂ©tude, L'allitĂ©ration le retour de sons consonnes en P est intĂ©ressante, parce qu'elle met en valeur trois mots la plainte, la pitiĂ©, et la peur. Ils ne sont pas lĂ  par hasard, comme le dit Antoine c'est un vieux mot ». On reconnaĂźt les sentiments qu'Aristote attribue Ă  la tragĂ©die la terreur et la pitiĂ©. En disant cela, Antoine se compare au spectateur d'une tragĂ©die dont Louis serait le HĂ©ros. Mais ce n'est pas si simple, et en accusant l'accusateur, Antoine brouille tous les rĂŽles de la tragĂ©die, Ă©coutez et malgrĂ© toute cette colĂšre, j’espĂšre qu’il ne t’arrivera rien de mal, et je me reproche dĂ©jĂ  tu n’es pas encore parti Le mal aujourd’hui que je te fais. Pas besoin de didascalie ici Toute cette colĂšre » avec le dĂ©monstratif, Antoine nous donne le ton de sa propre rĂ©plique, il porte un regard sur lui-mĂȘme, il n'est pas simplement devenu spectateur, il est restĂ© acteur et donne en plus des indications de mise en scĂšne. Mais ça va encore plus loin, avec la voix pronominale Je me reproche dĂ©jĂ  » ici Antoine se met Ă  juger ses propres actes, comme s'il Ă©tait lui-mĂȘme prĂȘt Ă  ĂȘtre condamnĂ©. On peut penser au personnage d'Agamemnon par exemple qui doit sacrifier sa propre fille IphigĂ©nie. Est-il bourreau, victime, spectateur impuissant de la volontĂ© des Dieux ? Et en effet, plusieurs Ă©lĂ©ments annoncent la fin prochaine, la mort de Louis tu n'es pas encore parti ». Le verbe partir » rĂ©sonne comme un euphĂ©misme une tournure attĂ©nuĂ©e pour parler de la mort. Antoine ne sait pas encore que son frĂšre est malade, et c'est lĂ  que se trouve toute l'ironie tragique les personnages Ă©voquent sans le savoir leur destin tragique. À ce moment de la piĂšce, Antoine est peut-ĂȘtre lui-mĂȘme un HĂ©ros tragique suspendu entre culpabilitĂ© et innocence. tu n'es pas encore parti ». c'est surtout une Ă©vocation du passĂ© au contraire, Louis est dĂ©jĂ  parti, une fois, et dĂ©jĂ  Antoine se sent responsable de cela ANTOINE. — Lorsque tu es parti, lorsque tu nous as quittĂ©s, lorsque tu nous abandonnas, je ne sais plus quel mot dĂ©finitif tu nous jetas Ă  la tĂȘte, je dus encore ĂȘtre le responsable, ĂȘtre silencieux et admettre la fatalitĂ©. Et alors, on voit l'enjeu de cette deuxiĂšme fois le mal qu'aujourd'hui je te fais » c'est un mal qui prendra un sens nouveau quand Louis mourra de sa maladie. Ce sont les survivants qui se sentiront coupables. Peut-ĂȘtre pas de sa maladie, mais de n'avoir pas Ă©coutĂ© les derniĂšres paroles. C'est l'un des grands mystĂšres de la piĂšce, auquel Lagarce ne rĂ©pond pas le choix de Louis de ne rien dire, est-ce finalement pour Ă©pargner ou pour accabler les membres de sa familles ? DeuxiĂšme mouvement Faire tomber les masques Ce deuxiĂšme mouvement, on pourrait l'appeler Faire tomber les masques » parce que Antoine parvient Ă  rĂ©vĂ©ler au spectateur les vĂ©ritables rĂŽles cachĂ©s sous la relation avec son frĂšre. Progressivement, on est amenĂ©s Ă  redĂ©couvrir Louis, peut-ĂȘtre, comme un Tartuffe difficile Ă  dĂ©masquer. Tu es lĂ , tu m'accables, on ne peut plus dire ça, tu m'accables, tu nous accables, je te vois, j'ai encore plus peur pour toi que lorsque j'Ă©tais enfant, D'abord, Antoine met en place tout un théùtre dans le théùtre, avec le dĂ©ictique tu es lĂ  » qui montre du doigt la situation d'Ă©nonciation elle mĂȘme, et le prĂ©sent d'Ă©nonciation je te vois » pour une action qui se dĂ©roule au moment oĂč il parle. La mĂšre, Suzanne et Catherine aussi sont lĂ , spectatrices pratiquement, elles pourraient venir s'asseoir parmi nous dans la salle. Et Antoine lui-mĂȘme va s'inclure parmi les spectateurs, en glissant de la P1 du singulier Ă  la P1 du pluriel, comme si Louis Ă©tait le seul Ă  ĂȘtre vĂ©ritablement acteur sur scĂšne, regardĂ© par tous. tu m'accables 
 tu nous accables ». Dans le mĂȘme temps, le verbe accuser » est remplacĂ© par accabler » les simples paroles prennent un poids pratiquement physique. On est accablĂ©s par un fardeau, mĂ©taphoriquement, par la culpabilitĂ©. C'est d'ailleurs l'image des Erinyes qui accablent Oreste de leurs tourments... À travers ce glissement de verbes, on retrouve le fameux procĂ©dĂ© de l'Ă©panorthose les personnages reformulent leurs propos. On ne peut plus dire ça » l'adverbe de nĂ©gation plus » rĂ©vĂšle bien la gradation Antoine, qui est moins Ă  l'aise avec les mots que son frĂšre, essaye de formuler sa dĂ©nonciation le mieux possible. Ce qui interroge aussi dans cette proposition, c'est la prĂ©sence du pronom indĂ©fini on ne peut plus dire ça ». Qui est ce on » ? Comme si cet accablement rejaillissait sur le public. Est-ce que nous ne sommes pas nous aussi ceux qui survivent ? Face aux silences de Louis, Antoine fait des phrases courtes, avec l'anaphore rhĂ©torique la rĂ©pĂ©tition en tĂȘte de vers du pronom Tu 
 tu 
 tu ». On entend presque tu nous tue », comme si Antoine accusait son frĂšre d'ĂȘtre meurtrier. Et en effet, cette idĂ©e que l'abandon est un meurtre est prĂ©sente dĂšs le prologue
 On la trouve aussi dans la derniĂšre piĂšce de Lagarce, Le Pays Lointain, oĂč le personnage de Louis est cette fois-ci entourĂ© de personnages du passĂ©, comme par exemple l'ami de Longue date. LONGUE DATE. — Revenir aprĂšs tant d'annĂ©es, revenir sur ses propres traces et avoir commis quelques crimes, et pourquoi non ? [...] Crimes ou abandons, [...] ce n'est pas loin d'ĂȘtre la mĂȘme chose. C'est donc tout le poids du passĂ© qui se cache dans ces quelques mots tu nous accables » et qui ressort soudainement avec le CC de temps lorsque j'Ă©tais enfant ». Ainsi, le plus cruel, ce n'est pas tant la mort inĂ©luctable que la rĂ©pĂ©tition d'un schĂ©ma passĂ©, qui garde la douleur et la trace des fois prĂ©cĂ©dentes, et qui explique ici le comparatif de supĂ©rioritĂ© encore plus peur ». Chez Lagarce, l'Ă©panorthose est plus qu'une figure de style, c'est un principe organisateur de l'intrigue. Alors que jusqu'ici il s'adressait Ă  Louis directement, Antoine entre maintenant dans un vĂ©ritable monologue et je me dis que je ne peux rien reprocher Ă  ma propre existence, qu'elle est paisible et douce et que je suis un mauvais imbĂ©cile qui se reproche dĂ©jĂ  d'avoir failli se lamenter, alors que toi, silencieux, ĂŽ tellement silencieux, bon, plein de bontĂ©, tu attends, repliĂ© sur ton infinie douleur intĂ©rieure dont je ne saurais pas mĂȘme imaginer le dĂ©but du dĂ©but. Ce n'est pas un hasard si on frĂŽle le lyrisme ici je suis un mauvais imbĂ©cile qui se reproche dĂ©jĂ  d'avoir failli se lamenter ». Le lyrisme, en littĂ©rature, c'est-ce que c'est ? L'expression musicale d'une douleur personnelle. C'est certainement le registre privilĂ©giĂ© des HĂ©ros tragiques PhĂšdre, par exemple, accablĂ©e par son destin, confie Ă  sa nourrice qu'elle songe au suicide. Or Antoine justement, refuse ce lyrisme je ne peux rien reprocher Ă  ma propre existence ». Cette existence ne sera pas personnifiĂ©e
 Il se dit ImbĂ©cile, c'est Ă  dire, Ă©tymologiquement, celui qui n'utilise pas de bĂ©quille, et donc d'une certaine maniĂšre, celui qui refuse d'utiliser des artifices. Alors que toi » le lien logique d'opposition vient crĂ©er une sorte de dyptique oĂč les deux frĂšres sont mis face Ă  face. Louis est justement celui qui utilise tous les artifices du HĂ©ros tragique
 MĂȘme son mutisme a quelque chose de lyrique, avec l'apostrophe Ô tellement silencieux ». Antoine est ensuite de plus en plus ironique en multipliant les hyperboles les figures d'exagĂ©ration Bon, plein de bontĂ©, tu attends, repliĂ© sur ton infinie douleur intĂ©rieure ». Cette bontĂ© excessive n'est pas sans rappeler celle de Tartuffe, le faux dĂ©vot, personnage d'autant plus inquiĂ©tant qu'il n'est pas caricatural comme pouvait l'ĂȘtre Harpagon par exemple. Et pourtant, l'ironie tragique fonctionne toujours Ă  plein rĂ©gime, parce que, celui qui jouait le personnage tragique, sur le point d'ĂȘtre dĂ©noncĂ©, est frappĂ© par la tragĂ©die... Le Malade imaginaire, qui tirait profit de ses douleurs intĂ©rieures, est tombĂ© rĂ©ellement malade
 La tragĂ©die prend le pas sur la comĂ©die
 Dans son journal, Jean-Luc Lagarce raconte comment Le Malade Imaginaire lui fit monter les larmes aux yeux Au milieu de la scĂšne entre les deux frĂšres, BĂ©ralde et Argan, qui est, je le dis toujours, la scĂšne qui me fit monter la piĂšce » [...] l'attention Ă©tait telle qu'Ă  l'instant essentiel que faire quand on est malade
 ? — Rien, mon frĂšre. [...] Les larmes me vinrent aux yeux. Quand Antoine dit qu'il ne peut qu' imaginer le dĂ©but du dĂ©but » de la douleur intĂ©rieure de Louis, il est certainement ironique, avec l'exagĂ©ration. Mais si on considĂšre que la maladie de Louis est rĂ©elle, toute cette ironie tombe Ă  l'eau, et se met au contraire Ă  souligner le tragique de la situation. TroisiĂšme mouvement Des reproches prĂ©monitoires Ce troisiĂšme mouvement, on pourrait l'appeler des reproches prĂ©monitoires » parce que Antoine semble avoir une vĂ©ritable prescience de ce qui est sur le point de se passer. La crise familiale a dĂ©jĂ  eu lieu dans le passĂ©, et en quelque sorte, elle prĂ©pare et aggrave la crise Ă  venir. Je ne suis rien, je n'ai pas le droit, et lorsque tu nous quitteras encore, que tu me laisseras, je serai moins encore, Dans tout ce dernier mouvement, le discours d'Antoine va plus loin qu'il ne l'imagine lui-mĂȘme, un peu comme la Pythie antique, qui annonce le dĂ©nouement des tragĂ©dies, mais dont les prophĂ©ties prennent un sens diffĂ©rent quand on en connaĂźt la fin... Par exemple, ce verbe quitter » lorsque tu nous quitteras encore » semble prophĂ©tique, surtout si on l'entend comme un euphĂ©misme pour dĂ©signer la mort. Mais il est tout de suite remplacĂ© par le verbe laisser » pour Antoine, le dĂ©part de Louis est volontaire, calquĂ© sur les abandons du passĂ©. La rĂ©pĂ©tition du passĂ© est d'ailleurs mise en scĂšne par la rĂ©pĂ©tition de l'adverbe encore » qui revient trois fois comme un refrain. Ici, deux figures de style se mĂȘlent et s'opposent la prolepse, qui annonce la suite, devient une analepse, un retour dans le passĂ©. Antoine mĂȘle la crise familiale et la crise personnelle, en passant de la P1 du pluriel lorsque tu nous quitteras encore » Ă  la P1 du singulier tu me laisseras ». Cette correction est Ă©mouvante, parce qu'elle prouve que la colĂšre d'Antoine provient bien d'un amour qui existait entre les deux frĂšres, malmenĂ© par le premier dĂ©part de Louis. Encore ici, les deux frĂšres sont diamĂ©tralement opposĂ©s je ne suis rien, je n'ai pas le droit » sous-entend que Louis au contraire est tout en se donnant le droit de partir, il est devenu paradoxalement le centre de l'attention. Dans ce schĂ©ma, on retrouve la parabole du fils prodigue le frĂšre qui est parti sera toujours bien accueilli, malgrĂ© les protestations de celui qui est restĂ©. On peut aussi penser au rĂ©cit biblique de CaĂŻn et Abel, les deux frĂšres devenus ennemis, parce que Dieu aurait refusĂ© le sacrifice de CaĂŻn... Mais dans notre cas de figure, quel est le frĂšre qui a tuĂ© l'autre ? Et on doit se poser la question, dans la modernitĂ©, n'est-ce pas l'absence mĂȘme de Dieu qui est coupable ? Et en effet le discours d'Antoine bouleverse tous les rĂŽles Quand tu me laisseras, je serai moins encore » paradoxalement, c'est bien le frĂšre encore prĂ©sent qui entre dans le nĂ©ant, dans une pĂ©nitence impossible juste lĂ  Ă  me reprocher les phrases que j'ai dites, Ă  chercher Ă  les retrouver avec exactitude, moins encore, avec juste le ressentiment, le ressentiment contre moi-mĂȘme. Le mot juste » laisse penser que peut-ĂȘtre le titre de la piĂšce s'applique aussi Ă  Antoine. Car pour lui, la tragĂ©die, c'est celle qui va suivre la mort de Louis, celle du ressentiment », de la culpabilitĂ© impossible Ă  effacer. Une chose pire que la fin du monde, n'est-ce pas le sort de ceux qui restent aprĂšs l'apocalypse, dans un monde vide, dans un monde sans dieu ? Alors que dans les piĂšces de Beckett, des hommes, vagabonds, attendent en vain le retour de Dieu, assimilĂ© Ă  une vulgaire chaussure
 Chez Lagarce, les personnages assistent encore une fois au dĂ©part du dramaturge lui-mĂȘme, auteur qui expliquait leur existence... et en l'absence duquel il devient difficile de retrouver avec exactitude le sens des mots appris par cƓur. Conclusion Notre passage est le point culminant de la piĂšce, et il peut ĂȘtre lu Ă  plusieurs niveaux. D'abord, comme un drame familial le conflit entre deux frĂšres, oĂč celui qui est restĂ© dĂ©nonce le mal commis par celui qui est parti. Mais on peut le lire aussi comme une entreprise de dĂ©mystification de la tragĂ©die, et de son Ă©ternel retour, d'une reprĂ©sentation Ă  l'autre, d'une piĂšce Ă  l'autre, d'un HĂ©ros tragique Ă  l'autre, mais qui garde jusqu'au bout son pouvoir de fascination sur les spectateurs. Et enfin, on pourrait peut-ĂȘtre y voir la rĂ©flexion mĂ©taphysique d'un philosophe dramaturge sur les doutes des hommes cherchant, au-delĂ  des ressentiments, une nouvelle morale dans un monde oĂč Dieu est mort, oĂč Dieu peut-ĂȘtre ne cesse de mourir. En guise d'ouverture, on peut certainement reconnaĂźtre ici les thĂ©matiques de la philosophie de Nietzsche, mais que Lagarce dĂ©passe, parce que chez lui, le dramaturge qui sert de dieu Ă  ce petit monde est lui-mĂȘme humain, trop humain. [...] Soutenez le site et accĂ©dez au contenu complet. ⇹ Lagarce, Juste la fin du monde 🔎 Partie 2 scĂšne 3 Explication linĂ©aire au format PDF ⇹ Outil support pour rĂ©aliser un commentaire composĂ©. ⇹ Lagarce, Juste la fin du monde - Partie 2 scĂšne 3 texte ⇹ Lagarce, Juste la fin du monde 🃏 Partie 2 scĂšne 3 axes de lecture ⇹ Lagarce, Juste la Fin du Monde 🎧 Partie 2 scĂšne 3 explication linĂ©aire en podcast
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AprĂšs douze ans de sĂ©paration, un Ă©crivain revient dans sa famille pour annoncer qu’il est atteint du sida et va mourir. Xavier Dolan rĂ©ussit une adaptation poignante de Jean-Luc Lagarce. En prenant pour matĂ©riau la piĂšce Ă©ponyme de Jean-Luc Lagarce, Xavier Dolan s’essaie pour la deuxiĂšme fois Ă  l’adaptation théùtrale. La premiĂšre, c’était Tom Ă  la ferme, d’aprĂšs la piĂšce de Michel Marc Bouchard. Les deux Ɠuvres comportent beaucoup d’échos deux portraits de famille anxiogĂšnes ; un contexte provincial, voire rural ; et l’introduction d’un corps inadaptĂ©, plongĂ© dans ce bouillon toxique au risque de sa dissolution. Dans l’un comme dans l’autre, c’est l’homosexualitĂ© qui vient frapper Ă  la porte tel un invitĂ© dĂ©rangeant. Histoires de familles Certes le statut de Tom interprĂ©tĂ© par Xavier Dolan dans Tom a la ferme et celui de Louis diffĂšrent sur un point fondamental le premier Ă©tait le petit ami du fils de famille mort ; le second est le fils qui a choisi de rompre les attaches, est parti Ă  la capitale faire sa vie en l’occurrence devenir un auteur reconnu et cĂ©lĂšbre sans revenir voir les siens pendant douze ans. Mais Louis est Ă  peine moins Ă©tranger Ă  sa famille que Tom Ă  celle de son petit ami. Et si le fils ici n’est pas dĂ©jĂ  mort, il est quand mĂȘme lĂ  pour apporter une funeste nouvelle, celle de son sursis. Ce sont donc des histoires de familles qui aimantent le cinĂ©ma de Xavier Dolan vers le théùtre. Mais cette aimantation se double, tout particuliĂšrement dans Juste la fin du monde, du dĂ©sir de filmer la famille comme un petit théùtre. Voire comme du mauvais théùtre. Une scĂšne, rĂ©gie par sa somme de conventions, oĂč chaque acteur se doit de tenir un rĂŽle, endosser un costume, dire un texte non dĂ©nuĂ© de faussetĂ©. Le vernis Ă  ongles n’est pas encore sec et la mĂšre rate l’entrĂ©e en scĂšne du fils Louis, le revenant au sens le plus littĂ©ral du terme, fait son entrĂ©e de façon inopinĂ©e, arrive en taxi sans avoir prĂ©cisĂ© l’heure, et c’est toute la mise en scĂšne de la mĂšre qui s’en trouve bousculĂ©e. Le vernis Ă  ongles n’est pas encore sec et elle rate l’entrĂ©e en scĂšne du principal intervenant, crie ses premiĂšres rĂ©pliques depuis les coulisses d’une autre piĂšce. Le film fait alterner des espaces scĂ©niques centraux, oĂč tous les comĂ©diens se rassemblent le salon Ă  l’heure de l’apĂ©ro, la table en terrasse Ă  celle du dĂ©jeuner, la salle Ă  manger en fin d’aprĂšs-midi ; et des travĂ©es, oĂč les personnages s’isolent Ă  deux, coulisses Ă  dĂ©couvert propres aux confidences et Ă  l’expression de soi la chambre de la petite sƓur, la cuisine avec la mĂšre, la voiture avec le grand frĂšre. Usages du close-up Sur les scĂšnes centrales, la comĂ©die de la rĂ©conciliation fait toujours long feu et le groupe invariablement se disloque dans des Ă©clats de voix on rĂ©siste Ă  se rassembler, on se lĂšve violemment de table, on sort de la voiture en claquant la porte et en laissant l’autre Ă  l’intĂ©rieur. L’espace scĂ©nique est intenable Ă  plusieurs, personne ne veut jouer la mĂȘme piĂšce. Dans les coulisses en revanche, de l’intime se libĂšre, mais une parole rĂ©siste, reste toujours empĂȘchĂ©e, celle pour laquelle le fils est revenu et qu’il ne pourra jamais libĂ©rer. Cette impossibilitĂ© du groupe Ă  tenir ensemble – inscrite dans le texte –, Xavier Dolan la double d’un dĂ©coupage qui fragmente systĂ©matiquement la cellule familiale. Presque toujours les cadres isolent les protagonistes, scindent les espaces, disjoignent ceux qui parlent de ceux qui Ă©coutent. C’est le pari d’une mise en scĂšne qui privilĂ©gie quasi exclusivement le gros plan. Les visages, surfaces sensibles tremblantes, semblent extirpĂ©s du dĂ©cor. Chaque close-up est une bulle oĂč le film pourrait ĂȘtre avalĂ© en entier par le monde intĂ©rieur de chacun de ses personnages. Et mĂȘme lorsque parfois deux acteurs occupent Ă  Ă©galitĂ© un cadre, le point se fait alternativement sur l’un et sur l’autre et atomise leur coprĂ©sence. Une prĂ©sence toujours incomplĂšte Toujours seuls parmi les autres. Louis particuliĂšrement, lorsqu’un des membres de sa famille lui parle, est le plus souvent en amorce, Ă©paule Ă  contre-jour bord cadre face Ă  sa sƓur, silhouette de dos Ă  l’extrĂ©mitĂ© des plans. L’amorce, c’est ce qui le dĂ©finit absolument. Une amorce de retour vite Ă©courtĂ©, une amorce de confession qui n’ira pas Ă  son terme, une prĂ©sence toujours incomplĂšte. Sa mĂšre “Tes deux ou trois mots, ton petit sourire, ça va pas suffire. Ils vont ĂȘtre déçus.” Quelle force souterraine et irrĂ©pressible isole irrĂ©mĂ©diablement Louis de cet arĂ©opage parmi lequel il a grandi ? Les principaux intĂ©ressĂ©s se le demandent. La mĂšre “Il n’y a pas eu de drame pour qu’il nous Ă©vite comme ça !” SĂ»rement l’homosexualitĂ© mais les mentions furtives de cette diffĂ©rence sexuelle par les membres de la famille sont pourtant loin d’ĂȘtre hostiles. Aujourd’hui la maladie, fardeau impartageable. Et par-dessus tout la rĂ©ussite professionnelle, le dĂ©placement gĂ©ographique et de classe. Le portrait, d’une justesse coupante, d’un transfuge social Juste la fin du monde fait le portrait d’une justesse coupante d’un transfuge social, la solitude affĂ©rente, le sentiment de honte qu’induit de façon plus forte que toutes les autres cette diffĂ©rence-lĂ . Gaspard Ulliel oppose Ă  l’overacting de ses partenaires registre explosif oĂč Nathalie Baye et LĂ©a Seydoux s’illustrent avec beaucoup de relief une douleur rentrĂ©e, un sourire triste, un ĂȘtre-au-monde empĂȘchĂ© absolument bouleversants. En retrait comme un narrateur proustien, fragilisĂ© comme un Swann en fin de vie Swann Ă©tait le pseudo qu’utilisait Saint Laurent dans ses fugues solitaires Ă  l’hĂŽtel et de fait Ulliel paraĂźt Ă  jamais transfigurĂ© par sa prestation chez Bonello, il rĂ©duit son jeu Ă  une pure instance perceptive, Ă  la fois Ă©loignĂ© et atteint, impuissant Ă  produire autre chose que du reproche involontaire. L’expulsion finale, filmĂ©e avec une intensitĂ© suraiguĂ« comme une Ă©vacuation dĂ©chaĂźnĂ©e, une exfiltration opĂ©rĂ©e manu militari Ă  des fins sanitaires, est d’une puissance inouĂŻe, qui laisse le spectateur aussi pantelant que le personnage. Moins ornementĂ© que d’autres, comprimĂ© jusqu’à l’asphyxie, Juste la fin du monde est le film le plus rĂȘche de Xavier Dolan. Mais pas un des moins fulgurants. Juste la fin du monde Can., Fr., 2016, 1 h 37 Critiques PiĂšcede théùtre publiĂ©e en 1990 par le dramaturge JJL, mort 5 ans plus tard, Juste la fin du monde Ă©voque, entre autres, des thĂšmes forts comme la solitude, l'incommunicabilitĂ© et la Elle qui est plus jeune que ses frĂšres emploie un discours trĂšs spontanĂ©. mise en scĂšne Bruno Marchand . Juste la fin du monde analyse linĂ©aire Ă©pilogue. Mais ces mots ont un tel poids aussi parce qu'ils cachent des actes. La mĂšre, mĂšre de Louis, Antoine et Suzanne / Chantal Joblon, actrice Petite femme dynamique, c’est ma mĂšre 
 Il travaille en tant qu’ouvrier dans une usine. - Dramaturge, poĂšte et Ă©crivain universel du 20Ăšme siĂšcle aujourd’hui il est l’auteur contemporain le plus jouĂ© en France et son Ɠuvre est traduite en plus vingt-cinq langues. Juste la fin du monde, le prologue, introduction. La 
 En 1990, il Ă©crit Juste la fin du monde. RĂ©sumĂ©-analyse de la piĂšce. juste la fin du monde analyse views Discover short videos related to juste la fin du monde analyse on TikTok. Analyse linĂ©aire juste la fin du monde partie 1 scĂšne 1. Le théùtre met souvent en scĂšne des conflits d’origine familiale. En 1990, il Ă©crit Juste la fin du monde. Watch popular content from the following creators MĂ©lany mais en mieux se2associationse2association, chlochlo25, AthĂ©na Solathenasol . Analyse linĂ©aire juste la fin du monde partie 1 scĂšne 1. fiche de revision. 11. Accueil; En savoir + Bios; Photos; Dates; Éduc; Partager cette page Facebook; Twitter; Mail Les personnages par Bruno Marchand. Nous allons Ă  travers cette analyse observer en quoi Antoine se manifeste comme le personnage le plus sincĂšre de la piĂšce. Cet extrait, choisit par François Berreur, met en lumiĂšre l'implication du corps de l'acteur qui, mĂȘme Ă  travers une premiĂšre approche du texte, est essentielle. Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie I, scĂšne 4. 829 Likes, 49 Comments. Il apprend Ă  ses 31 ans qu'il est atteint du sida et qu'il est donc condamnĂ©, et rĂ©digera deux ans plus tard en 1990 la piĂšce de théùtre Juste la fin du monde. => Tjs tentation du soliloque. Juste la fin du monde, c’est une Ă©pitaphe. 11. Montre plus. Jean Luc LAGARDE est Ă  la fois un comĂ©dien , metteur en scĂšne, directeur de troupe et dramaturge. Dans la troisiĂšme scĂšne de la premiĂšre de la piĂšce Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce Ă©crite en 1991, Suzanne se livre Ă  un monologue face Ă  son frĂšre Louis. Louis est lĂ  sans l’ĂȘtre. Nous avons vu comment la partie 1 scĂšne 1 de Juste la fin du monde, qui met en scĂšne les retrouvailles entre Louis et sa famille, introduit des personnages aux relations tendues et au langage vide. 11. Introduction Juste la fin du monde est une piĂšce de théùtre dramatique Ă©crite par Jean-Luc Lagarce, un comĂ©dien, metteur en scĂšne et dramaturge contemporain français, Ă  la fin du XXĂšme siĂšcle. Plus proche d'Antoine, elle connaĂźt bien Catherine, elle est mĂȘme devenue la marraine de leur garçon qui s'appelle Louis. 16 mai 2021 Commentaire et dissertation 2 commentaires. ⼚ Sujet de l’Ɠuvre La piĂšce Juste la fin du monde est Ă©crite par Lagarce Ă  Berlin. Je partage mes fiches pour l'oral du bac de Français Partie 2. ANTOINE. Le pronom "nous" Ă©voque une souffrance commune mais le passage au pronom "je" au vers marque la solitude d'Antoine, qui a portĂ© la responsabilitĂ© du dĂ©part le verbe "devoir" sous entend qu'il a Ă©tĂ© accusĂ© par la mĂšre et la premier sens de "responsable" que l'on comprend ici est "coupable" "je dus encore ĂȘtre le responsable" Dans cette phrase, on note 
 Jean-Luc Lagarce est Ă  la fois comĂ©dien, metteur en scĂšne, directeur de troupe et dramaturge. Antoine dit qu'elle veut avoir l'air » et qu'elle ressemble Ă  un Épagneul ». Ils deviennent des Ă©tiquettes, ou pire encore, des noms propres ou des prophĂ©ties. - Dramaturge, poĂšte et Ă©crivain universel du 20Ăšme siĂšcle aujourd’hui il est l’auteur contemporain le plus jouĂ© en France et son Ɠuvre est traduite en plus vingt-cinq langues. JUSTE LA FIN DU MONDE DISSERTATION. On devait m’aimer trop puisque on ne t’aimait pas assez. LADN/EAF 21/SEQ. Plus proche d'Antoine, elle connaĂźt bien Catherine, elle est mĂȘme devenue la marraine de leur garçon qui s'appelle Louis. Si ça peut aider certains bacdefrancais bac premiere lycee pourtoi". Par certains aspects, il apparaĂźt comme le miroir de Suzanne. C’est que Lagarce a fait beaucoup de retouches pour parvenir Ă  
 => RĂ©partition parole. ANTOINE. et ce ne pouvait ĂȘtre que les autres qui te nuisaient et nous rendaient responsables tous ensemble, moi, eux, et peu Ă  peu, c’était de ma faute, ce ne pouvait ĂȘtre que de ma faute. Voici une lecture linĂ©aire de l’épilogue de la piĂšce Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce.. Juste la fin du monde, Ă©pilogue, introduction. L’extrait sur lequel nous allons nous pencher est le monologue de la scĂšne 1 de la deuxiĂšme partie qui forme comme un diptyque avec le prologue. Voici une lecture linĂ©aire de l’épilogue de la piĂšce Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce.. Juste la fin du monde, Ă©pilogue, introduction. Nous avons vu comment la partie 1 scĂšne 1 de Juste la fin du monde, qui met en scĂšne les retrouvailles entre Louis et sa famille, introduit des personnages aux relations tendues et au langage vide. HĂ© bien, il semblerait que c'est exactement ce qu'il fait dans Juste la fin du Monde il met en scĂšne un hĂ©ros tragique, Louis, qui reprĂ©sente bien les mĂ©canismes traditionnels Ă  la fois innocent et coupable, Ă©crasĂ© par son destin, il suscite la terreur et la pitiĂ©. Recherche parmi 272 000+ dissertations. Introduction Juste la fin du monde est une piĂšce de théùtre dramatique Ă©crite par Jean-Luc Lagarce, un comĂ©dien, metteur en scĂšne et dramaturge contemporain français, Ă  la fin du XXĂšme siĂšcle. Juste la fin du monde. ANTOINE. Duchaste disait La parole fait Ă©vĂ©nement elle dĂ©traque les pensĂ©es avant de secouer les corps ». Jean-Luc Lagarce est nĂ© en 1957 et est dĂ©cĂ©dĂ© en 1995. En 1988, il apprend qu’il est atteint du sida et se sait condamnĂ©. C’est le 1er de ses textes Ă  avoir Ă©tĂ© refusĂ© par tous les comitĂ©s de lecture et il ne sera jamais jouĂ© de son vivant. Juste la fin du monde est une Ɠuvre rĂ©digĂ©e par Jean Luc Lagarce en 1990 suite Ă  la prise de conscience de son Ă©tat de santĂ©. Louis est lĂ  sans l’ĂȘtre. Au printemps 1990, il rĂ©dige Juste la fin du monde. Jean-Luc Lagarce, Théùtre et pouvoir en occident, 1980-2011. Juste la fin du monde. Er feierte am 19. AprĂšs sa mort, la piĂšce entre au rĂ©pertoire de la ComĂ©die-Française en 2008. TikTok video from LĂ©andro leandro_schz "RĂ©pondre Ă  e12042005 Juste la fin du monde, Lagarce partie 2, scĂšne 3. Si ça peut aider certains bacdefrancais bac premiere lycee pourtoi". Voici une fiche de lecture complĂšte rĂ©sumĂ© et analyse sur Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, au programme du bac de français 2021. L'intrigue tient en peu de lignes Louis dĂ©cide de retourner voir sa famille qu'il a quittĂ©e bien des annĂ©es plus tĂŽt afin de lui annoncer sa mort prochaine. La piĂšce de Jean-Luc Lagarce propose des personnages particuliĂšrement intĂ©ressants Ă  analyser. Cela peut aussi ĂȘtre l'origine d'un renouveau. c’est comme s’il ne m’était rien arrivĂ©, jamais. Antoine est le fils cadet de la famille et le petit frĂšre de Louis. Nous avons vu comment la partie 1 scĂšne 1 de Juste la fin du monde, qui met en scĂšne les retrouvailles entre Louis et sa famille, introduit des personnages aux relations tendues et au langage vide. Explore d'autres matiĂšres. Juste la fin du monde prologue conclusion. Pensez-vous qu’on puisse les rĂ©duire au seul cercle de la famille ? Fiche de rĂ©vision. Analyse du scĂ©nario de l'oeuvre- Programme bac de français - Questionnement sur le parcours crise personnelle / crise familiale » Corpus de textes sur Lagarce Juste la fin du monde, Ă©preuve d'EAF-1Ăšre partie, scĂšne 3 commentaire. L’extrait sur lequel nous allons nous pencher est le monologue de la scĂšne 1 de la deuxiĂšme partie qui forme comme un diptyque avec le prologue. Analyse du scĂ©nario de l'oeuvre- Programme bac de français - Questionnement sur le parcours crise personnelle / crise familiale » Corpus de textes sur Lagarce Juste la fin du monde, Ă©preuve d'EAF-1Ăšre partie, scĂšne 3 commentaire. Ils deviennent des Ă©tiquettes, ou pire encore, des noms propres ou des prophĂ©ties. Dans "Portrait Lagarce" on dĂ©couvre A. En 1988, il apprend qu’il est atteint du sida et se sait condamnĂ©. Juste la fin du monde, partie 1 scĂšne 1, conclusion. Comment cette scĂšne met-elle en Ă©lvidence la diffuscelto du retour de Louis dans 
 Duchaste disait La parole fait Ă©vĂ©nement elle dĂ©traque les pensĂ©es avant de secouer les corps ». Il apprend Ă  ses 31 ans qu'il est atteint du sida et qu'il est donc condamnĂ©, et rĂ©digera deux ans plus tard en 1990 la piĂšce de théùtre Juste la fin du monde. C’est ce que montre l’Ɠuvre de Jean Luc Lagarce Juste la Fin du Monde publiĂ©e en 1999. Juste la fin du monde est une piĂšce de théùtre qui Ă©voque le retour de Louis dans sa famille pour annoncer sa maladie et Sa mort prochaine mais la communication dans la famille est difficile et le retour de Louis va rĂ©vĂ©ler les souffrances des autres membres de la famille. Juste la fin du monde analyse des personnages. Fiche de lecture Juste la fin du Monde – Acte 1 ScĂšne 11. Et c’est vrai, il ne m’est jamais rien arrivĂ© et je ne peux prĂ©tendre. Duchaste disait La parole fait Ă©vĂ©nement elle dĂ©traque les pensĂ©es avant de secouer les corps ». Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie II, scĂšne 3. Les mots ont leur poids, ils sont choisis avec soin. c’est comme s’il ne m’était rien arrivĂ©, jamais. Celle de la famille dont on vante les louanges, qui n’arrive pas Ă  ravaler sa rancƓur et dĂ©passer ses frustrations. TikTok video from LĂ©andro leandro_schz "RĂ©pondre Ă  e12042005 Juste la fin du monde, Lagarce partie 2, scĂšne 3. Il s'agit d'une piĂšce de théùtre mettant en scĂšne Louis, un jeune homme de 34 ans allant rendre visite Ă  sa famille qu'il n'avait pas vue depuis longtemps. C’est ce que montre l’Ɠuvre de Jean Luc Lagarce Juste la Fin du Monde publiĂ©e en 1999. Juste la fin du monde, le prologue, introduction. Explique la question de la justice dans la famille. Jean-Luc Lagarce, Théùtre et pouvoir en occident, 1980-2011. C’est une scĂšne qui renverse la situation oĂč l’on attendait Louis, c’est le personnage d’Antoine qui est au centre de l’attention. Voici une fiche de lecture complĂšte rĂ©sumĂ© et analyse sur Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, au programme du bac de français 2021. Voici une lecture linĂ©aire de l’épilogue de la piĂšce Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce.. Juste la fin du monde, Ă©pilogue, introduction. Ces retrouvailles donnent lieu Ă  des Ă©changes tendus, tour Ă  tour superficiels et intimes, oĂč l’annonce de Louis Ă  sa famille est impossible. Fiche de rĂ©vision. 829 Likes, 49 Comments. C’est ce que montre l’Ɠuvre de Jean Luc Lagarce Juste la Fin du Monde publiĂ©e en 1999. Marcial Di Fonzo Bo lisant un extrait du texte final de Antoine dans "Juste la fin du monde". Contrairement Ă  Louis qui parle peu mais avec aisance, Antoine est maladroit et parfois mĂȘme grossier. Montre plus. juste la fin du monde analyse views Discover short videos related to juste la fin du monde analyse on TikTok. ⼚ Sujet de l’Ɠuvre La piĂšce Juste la fin du monde est Ă©crite par Lagarce Ă  Berlin. Comme le fait remarquer Antoine, il est loin, mĂȘme quand il est dans le salon. C’est ce que montre l’Ɠuvre de Jean Luc Lagarce Juste la Fin du Monde publiĂ©e en 1999. La 
 et ce ne pouvait ĂȘtre que les autres qui te nuisaient et nous rendaient responsables tous ensemble, moi, eux, et peu Ă  peu, c’était de ma faute, ce ne pouvait ĂȘtre que de ma faute. Rien ne te convient ? –Biographie de Jean-Luc Lagarce –Dissertation Juste la fin du monde et la CRISE-Analyse Juste la fin du monde C’est le 1er de ses textes Ă  avoir Ă©tĂ© refusĂ© par tous les comitĂ©s de lecture et il ne sera jamais jouĂ© de son vivant. Dans la piĂšce Juste la fin du monde, la crise personnelle traversĂ©e par Louis, qui va mourir vers l'Ăąge de 34 ans, dĂ©clenche la crise identitaire de sa fratrie chacun se laisse emporter par ses Ă©motions et 
 Einfach das Ende der Welt Originaltitel Juste la fin du monde ist ein kanadisch-französischer Film von Xavier Dolan, der auf dem gleichnamigen TheaterstĂŒck von Jean-Luc Lagarce aus dem Jahr 1990 basiert. Cependant, la raison de sa visite n'est en aucun cas porteuse de bonnes nouvelles. Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie I, scĂšne 4. Il est mariĂ© Ă  Catherine et pĂšre d’un enfant s’appelant Louis. Analyse linĂ©aire juste la fin du monde partie 1 scĂšne 1. fiche de revision. Antoine, qui se taisait jusque-lĂ  “pour donner l’exemple”, passe ici de la colĂšre Ă  l’analyse, du plaidoyer au rĂ©quisitoire, et se rĂ©vĂšle au spectateur. HĂ© bien, il semblerait que c'est exactement ce qu'il fait dans Juste la fin du Monde il met en scĂšne un hĂ©ros tragique, Louis, qui reprĂ©sente bien les mĂ©canismes traditionnels Ă  la fois innocent et coupable, Ă©crasĂ© par son destin, il suscite la terreur et la pitiĂ©. => RĂ©partition parole. Juste la fin du monde, acte ii scĂšne 31. Au printemps 1990, il rĂ©dige Juste la fin du monde. Au cours de la piĂšce on tĂ©moigne d’une crise personnelle et familiale entre, Louis son petit frĂšre Antoine, sa sƓur Suzanne et leur mĂšre. Juste la fin du Monde, Jean-Luc Lagarce DeuxiĂšme partie, scĂšne 3, tirade d’Antoine De Et lorsque tu es parti, lorsque tu nous as quittĂ©s » Ă  le ressentiment contre moi-mĂȘme » Introduction Au dĂ©but de la seconde partie, Louis, s’ad essant au 
 C’est un huis-clos familial qui met en scĂšne cinq personnages d’une mĂȘme famille. Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie II, scĂšne 3. Au bout de 12 
 C’est ce que montre l’Ɠuvre de Jean Luc Lagarce Juste la Fin du Monde publiĂ©e en 1999. Dans la piĂšce de Jean-Luc Lagarce de 1991, il s’agit dans l’épilogue d’un monologue de Louis. mise en scĂšne Bruno Marchand . MONOLOGUE SUZANNE JUSTE LA FIN DU MONDE. Juste la fin du Monde, Jean-Luc Lagarce DeuxiĂšme partie, scĂšne 3, tirade d’Antoine De Et lorsque tu es parti, lorsque tu nous as quittĂ©s » Ă  le ressentiment contre moi-mĂȘme » Introduction Au dĂ©but de la seconde partie, Louis, s’ad essant au 
 de Jean-Luc Lagarce. L’épilogue est, dans la tragĂ©die, le retour au calme. La 
 Le théùtre met souvent en scĂšne des conflits d’origine familiale. Cela peut aussi ĂȘtre l'origine d'un renouveau. Analyse linĂ©aire juste la fin du monde partie 1 scĂšne 1. Duchaste disait La parole fait Ă©vĂ©nement elle dĂ©traque les pensĂ©es avant de secouer les corps ». TikTok video from LĂ©andro leandro_schz "RĂ©pondre Ă  e12042005 Juste la fin du monde, Lagarce partie 2, scĂšne 3. On devait m’aimer trop puisque on ne t’aimait pas assez. Mais ces mots ont un tel poids aussi parce qu'ils cachent des actes. LADN/EAF 21/SEQ. Jean-Luc Lagarce est Ă  la fois comĂ©dien, metteur en scĂšne, directeur de troupe et dramaturge. 2 mai 2021 Commentaire et dissertation 2 commentaires. Celle de la famille dont on vante les louanges, qui n’arrive pas Ă  ravaler sa rancƓur et dĂ©passer ses frustrations. DĂšs lors, dans ce prologue, Louis annonce aux spectateurs/lecteurs sa mort prochaine ainsi que sa volontĂ© de revoir une famille qu’il a quittĂ©e il y a plus de 10 ans. RĂ©sumĂ©-analyse de la piĂšceJuste la fin du mondede Jean-Luc Lagarce. 
 TĂ©lĂ©charger l'analyse en PDF. Voir la fiche de lecture de Juste la fin du monde de Lagarce La scĂšne 3 de la partie 2 est importante car elle est la derniĂšre scĂšne avant l’épilogue. Antoine, le frĂšre de Louis, expose dans une longue tirade l’ambivalence de sa relation Ă  Louis, entre le ressentiment et l’amour compassionnel. Voir la fiche de lecture de Juste la fin du monde de Lagarce La scĂšne 3 de la partie 2 est importante car elle est la derniĂšre scĂšne avant l’épilogue. En 1988, il apprend qu’il est atteint du sida et se sait condamnĂ©. C’est une scĂšne qui renverse la situation oĂč l’on attendait Louis, c’est le personnage d’Antoine qui est au centre de l’attention. C’est ce que montre l’Ɠuvre de Jean Luc Lagarce Juste la Fin du Monde publiĂ©e en 1999. - Dramaturge, poĂšte et Ă©crivain universel du 20Ăšme siĂšcle aujourd’hui il est l’auteur contemporain le plus jouĂ© en France et son Ɠuvre est traduite en plus vingt-cinq langues. => Tjs tentation du soliloque. Juste la fin du monde analyse linĂ©aire Ă©pilogue. L’épilogue est, dans la tragĂ©die, le retour au calme. Dans la piĂšce de Jean-Luc Lagarce de 1991, il s’agit dans l’épilogue d’un monologue de Louis. Juste la fin du monde est l'une des derniĂšres piĂšces de théùtre de Jean-Luc Lagarce, ... À la difficultĂ© pour Louis de parler rĂ©pond le refus d'Antoine d'Ă©couter tu voudras me parler / et il faudra que j'Ă©coute / et je n'ai pas envie d'Ă©couter » partie 1, sc. - Justice = ĂȘtre Ă©quitable entre Fils prodigue et ceux qui n'ont pas dĂ©sertĂ© la maison parabole du nv testament qui traverse littĂ©rature occidentale - Auteur fait lui preuve d'Ă©quitĂ©. Dans la troisiĂšme scĂšne de la premiĂšre de la piĂšce Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce Ă©crite en 1991, Suzanne se livre Ă  un monologue face Ă  son frĂšre Louis. L'intrigue tient en peu de lignes Louis dĂ©cide de retourner voir sa famille qu'il a quittĂ©e bien des annĂ©es plus tĂŽt afin de lui annoncer sa mort prochaine. C’est ce que montre l’Ɠuvre de Jean Luc Lagarce Juste la Fin du Monde publiĂ©e en 1999. Jean-Luc Lagarce est nĂ© en 1957 et est dĂ©cĂ©dĂ© en 1995. L'intrigue tient en peu de lignes Louis dĂ©cide de retourner voir sa famille qu'il a quittĂ©e bien des annĂ©es plus tĂŽt afin de lui annoncer sa mort prochaine. Juste la fin du monde prologue conclusion. Duchaste disait La parole fait Ă©vĂ©nement elle dĂ©traque les pensĂ©es avant de secouer les corps ». La prĂ©sentation de la piĂšce Juste la fin du monde et problĂ©matisation de son analyse. Louis est lĂ  sans l’ĂȘtre. Juste la fin du Monde, Jean-Luc Lagarce DeuxiĂšme partie, scĂšne 3, tirade d’Antoine De Et lorsque tu es parti, lorsque tu nous as quittĂ©s » Ă  le ressentiment contre moi-mĂȘme » Introduction Au dĂ©but de la seconde partie, Louis, s’ad essant au 
 Il est mariĂ© Ă  Catherine et pĂšre d’un enfant s’appelant Louis. Accueil; En savoir + Bios; Photos; Dates; Éduc; Partager cette page Facebook; Twitter; Mail Les personnages par Bruno Marchand. Juste la fin du monde; Les personnages Juste la fin du monde + d'infos sur le texte de Jean-Luc Lagarce. Nous faisons le choix d’orienter le sujet de dissertation sur l’oeuvre de Lagarce sur la question posĂ©e par le parcours associĂ© Ă  savoir crise individuelle, crise familiale ». de Jean-Luc Lagarce. Le travail de lecture. Louis, le personnage principal de Juste la fin du monde n’est pas PhĂšdre, ni Oedipe, et pourtant, il joue au HĂ©ros tragique. Juste la fin du monde, partie 1 scĂšne 1, conclusion. En rĂ©sumĂ©, alors que Jean-Luc Lagarce apprend qu’il est atteint du sida en 1988, il se sent inopinĂ©ment condamnĂ©. Celle de la famille dont on vante les louanges, qui n’arrive pas Ă  ravaler sa rancƓur et dĂ©passer ses frustrations. Et nous, nous nous sommes fait du mal Ă  notre tour, chacun n’avait rien Ă  se reprocher. Fiche de lecture Juste la fin du Monde – Acte 1 ScĂšne 11. Juste la fin du monde dissertation sur la question de la crise. de Jean-Luc Lagarce. Au cours de la piĂšce on tĂ©moigne d’une crise personnelle et familiale entre, Louis son petit frĂšre Antoine, sa sƓur Suzanne et leur mĂšre. Einfach das Ende der Welt Originaltitel Juste la fin du monde ist ein kanadisch-französischer Film von Xavier Dolan, der auf dem gleichnamigen TheaterstĂŒck von Jean-Luc Lagarce aus dem Jahr 1990 basiert. MONOLOGUE SUZANNE JUSTE LA FIN DU MONDE. 1464 Followers. Chacun ne pense qu’à sa gueule. C’est le 1er de ses textes Ă  avoir Ă©tĂ© refusĂ© par tous les comitĂ©s de lecture et il ne sera jamais jouĂ© de son vivant. Comment cette scĂšne met-elle en Ă©lvidence la diffuscelto du retour de Louis dans 
 Mai 2016 im Rahmen der Internationalen Filmfestspiele von Cannes Premiere und wurde dort mit dem Großen Preis der Jury ausgezeichnet. Juste la fin du monde est une piĂšce de théùtre Ă©crite par Jean-Luc Lagarce en 1990. Le pronom "nous" Ă©voque une souffrance commune mais le passage au pronom "je" au vers marque la solitude d'Antoine, qui a portĂ© la responsabilitĂ© du dĂ©part le verbe "devoir" sous entend qu'il a Ă©tĂ© accusĂ© par la mĂšre et la premier sens de "responsable" que l'on comprend ici est "coupable" "je dus encore ĂȘtre le responsable" Dans cette phrase, on note 
 3 THEATRE/LAGARCE, JUSTE LA FIN DU MONDE / LECTURE EXTRAITS – MONOLOGUES d’ANTOINE/ p. 1 EAF 2021 – SĂ©quence 3 Théùtre – Jean-Luc Lagarce 1957-1995, Juste la fin du monde 1990, 1999 ThĂšme du parcours Crise personnelle, crise familiale ». Recherche parmi 272 000+ dissertations. Apprendre avec plaisir grĂące Ă  nous. La mĂšre, mĂšre de Louis, Antoine et Suzanne / Chantal Joblon, actrice Petite femme dynamique, c’est ma mĂšre 
 Jean Luc LAGARDE est Ă  la fois un comĂ©dien , metteur en scĂšne, directeur de troupe et dramaturge. Duchaste disait La parole fait Ă©vĂ©nement elle dĂ©traque les pensĂ©es avant de secouer les corps ». Juste la fin du monde met ainsi en scĂšne le retour de Louis auprĂšs de sa famille dans le but d’annoncer sa mort prochaine et irrĂ©mĂ©diable. Voir la fiche de lecture pour le bac de Juste la fin du monde de Lagarce En 1990, il Ă©crit Juste la fin du monde. Nous faisons le choix d’orienter le sujet de dissertation sur l’oeuvre de Lagarce sur la question posĂ©e par le parcours associĂ© Ă  savoir crise individuelle, crise familiale ». Antoine est le fils cadet de la famille et le petit frĂšre de Louis. c’est comme s’il ne m’était rien arrivĂ©, jamais. TEXTES COMPLEMENTAIRES LECTURE D’EXTRAITS INDISPENSABLES – EXTRAITS les 
 2 mai 2021 Commentaire et dissertation 2 commentaires. Juste la fin du monde est l'une des derniĂšres piĂšces de théùtre de Jean-Luc Lagarce, ... À la difficultĂ© pour Louis de parler rĂ©pond le refus d'Antoine d'Ă©couter tu voudras me parler / et il faudra que j'Ă©coute / et je n'ai pas envie d'Ă©couter » partie 1, sc. C’est ce que montre l’Ɠuvre de Jean Luc Lagarce Juste la Fin du Monde publiĂ©e en 1999. Pensez-vous qu’on puisse les rĂ©duire au seul cercle de la famille ? DĂšs lors, dans ce prologue, Louis annonce aux spectateurs/lecteurs sa mort prochaine ainsi que sa volontĂ© de revoir une famille qu’il a quittĂ©e il y a plus de 10 ans. Juste la fin du monde est l'une des derniĂšres piĂšces de théùtre de Jean-Luc Lagarce, ... À la difficultĂ© pour Louis de parler rĂ©pond le refus d'Antoine d'Ă©couter tu voudras me parler / et il faudra que j'Ă©coute / et je n'ai pas envie d'Ă©couter » partie 1, sc. LADN/EAF 21/SEQ. Juste la fin du monde, partie 1 scĂšne 1, conclusion. Suzanne, bien sĂ»r, est heureuse de retrouver son frĂšre aĂźnĂ©. Chacun ne pense qu’à sa gueule. Cet extrait, choisit par François Berreur, met en lumiĂšre l'implication du corps de l'acteur qui, mĂȘme Ă  travers une premiĂšre approche du texte, est essentielle. ChloĂ© Durand . Dans la piĂšce de Jean-Luc Lagarce de 1991, il s’agit dans l’épilogue d’un monologue de Louis. Dans la piĂšce Juste la fin du monde, la crise personnelle traversĂ©e par Louis, qui va mourir vers l'Ăąge de 34 ans, dĂ©clenche la crise identitaire de sa fratrie chacun se laisse emporter par ses Ă©motions et 
 829 Likes, 49 Comments. Analyse linĂ©aire partie 1 scĂšne 1, Juste la fin du monde de Lagarce 4 il LLO Partie 1, scĂšme 1 scĂšne 1 12 Intro PrĂ©sentation Juste la fin du Monde Doing chorale kour les pensya, accueil de Louis par la Gumible direct dans, Praction - sutegurcelles pour presenten person leurs relations as atmosphere. La piĂšce de Jean-Luc Lagarce propose des personnages particuliĂšrement intĂ©ressants Ă  analyser. Nous faisons le choix d’orienter le sujet de dissertation sur l’oeuvre de Lagarce sur la question posĂ©e par le parcours associĂ© Ă  savoir crise individuelle, crise familiale ». C’est ce que montre l’Ɠuvre de Jean Luc Lagarce Juste la Fin du Monde publiĂ©e en 1999. Juste la fin du monde est un rĂ©cit de vie qui propose de percevoir le monde Ă  travers la conscience inquiĂšte d’un personnage. Juste la fin du monde dissertation sur la question de la crise. HĂ© bien, il semblerait que c'est exactement ce qu'il fait dans Juste la fin du Monde il met en scĂšne un hĂ©ros tragique, Louis, qui reprĂ©sente bien les mĂ©canismes traditionnels Ă  la fois innocent et coupable, Ă©crasĂ© par son destin, il suscite la terreur et la pitiĂ©. Juste la fin du monde est une piĂšce de théùtre qui Ă©voque le retour de Louis dans sa famille pour annoncer sa maladie et Sa mort prochaine mais la communication dans la famille est difficile et le retour de Louis va rĂ©vĂ©ler les souffrances des autres membres de la famille. Ces retrouvailles donnent lieu Ă  des Ă©changes tendus, tour Ă  tour superficiels et intimes, oĂč l’annonce de Louis Ă  sa famille est impossible. Dans la piĂšce Juste la fin du monde, la crise personnelle traversĂ©e par Louis, qui va mourir vers l'Ăąge de 34 ans, dĂ©clenche la crise identitaire de sa fratrie chacun se laisse emporter par ses Ă©motions et 
 3 THEATRE/LAGARCE, JUSTE LA FIN DU MONDE / LECTURE EXTRAITS – MONOLOGUES d’ANTOINE/ p. 1 EAF 2021 – SĂ©quence 3 Théùtre – Jean-Luc Lagarce 1957-1995, Juste la fin du monde 1990, 1999 ThĂšme du parcours Crise personnelle, crise familiale ». Dans Juste la fin du Monde, la parole est fondatrice, c'est elle qui provoque les crises. Si ça peut aider certains bacdefrancais bac premiere lycee pourtoi". En rĂ©sumĂ©, alors que Jean-Luc Lagarce apprend qu’il est atteint du sida en 1988, il se sent inopinĂ©ment condamnĂ©. L’EXPLICATION. 15 mai 2021 Commentaire et dissertation Laisser un commentaire. juste la fin du monde analyse views Discover short videos related to juste la fin du monde analyse on TikTok. TEXTES COMPLEMENTAIRES LECTURE D’EXTRAITS INDISPENSABLES – EXTRAITS les 
 Analyse linĂ©aire juste la fin du monde partie 1 scĂšne 1. JUSTE LA FIN DU MONDE DISSERTATION. Le besoin psychologique constitue une blessure ou un problĂšme profondĂ©ment et inconsciemment ancrĂ© dans un personnage, lui pourrissant la vie. En 1990, il Ă©crit juste la fin du monde. Suzanne, bien sĂ»r, est heureuse de retrouver son frĂšre aĂźnĂ©. Juste la fin du monde est un rĂ©cit de vie qui propose de percevoir le monde Ă  travers la conscience inquiĂšte d’un personnage. ⼚ Sujet de l’Ɠuvre La piĂšce Juste la fin du monde est Ă©crite par Lagarce Ă  Berlin. L’épilogue est, dans la tragĂ©die, le retour au calme. 829 Likes, 49 Comments. 2 mai 2021 Commentaire et dissertation 2 commentaires. Cependant, la raison de sa visite n'est en aucun cas porteuse de bonnes nouvelles. Cela peut aussi ĂȘtre l'origine d'un renouveau. Le travail de lecture. Juste la fin du monde analyse linĂ©aire Ă©pilogue. C’est que Lagarce a fait beaucoup de retouches pour parvenir Ă  
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AprĂšs la lecture de l’épilogue, nous proposons une analyse linĂ©aire du texte. mĂ©thode du commentaire linĂ©aire Juste la fin du monde texte de l’épilogue Louis. – AprĂšs, ce que je fais,je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard,une annĂ©e tout au plus. Une chose dont je me souviens et que je raconte encoreaprĂšs, j’en aurai fini c’est l’étĂ©, c’est pendant ces annĂ©es oĂč je suis absent,c’est dans le Sud de la que je me suis perdu, la nuit dans la montagne,je dĂ©cide de marcher le long de la voie m’évitera les mĂ©andres de la route, le chemin sera plus court et je sais qu’elle passe prĂšs de la maison oĂč je nuit aucun train n’y circule, je ne risque rienet c’est ainsi que je me un moment, je suis Ă  l’entrĂ©e d’un viaduc immense,il domine la vallĂ©e que je devine sous la lune,et je marche seul dans la nuit,Ă  Ă©gale distance du ciel et de la que je penseet c’est cela que je voulais direc’est que je devrais pousser un grand et beau cri,un long et joyeux cri qui rĂ©sonnerait dans toute la vallĂ©e,que c’est ce bonheur-lĂ  que je devrais m’offrir,hurler une bonne fois,mais je ne le fais pas,je ne l’ai pas me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier. Ce sont des oublis comme celui-lĂ  que je regretterai. Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, 1991. JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE LINEAIRE EPILOGUE ProblĂ©matique Pourquoi cet Ă©pilogue apparaĂźt-il comme une sĂ©rie de dĂ©ceptions? Premier mouvement du dĂ©but Ă  une annĂ©e tout au plus » Une parole d’outre-tombe D’abord, l’épilogue s’ouvre sur un connecteur temporel aprĂšs ». Or celui-ci indique que l’épilogue apparaĂźt comme une suite Ă  la l’idĂ©e de dĂ©part dĂ©finitif est inscrite fermement avec l’emploi du verbe partir » et ne plus jamais revenir ».D’ailleurs, comme dans l’ouverture du prologue, nous pouvons constater avec Ă©tonnement que le personnage semble s’exprimer d’outre-tombe. Effectivement, les rĂ©fĂ©rences temporelles nous placent aprĂšs la mort du hĂ©ros quelques mois plus tard », une annĂ©e tout au plus ». Ainsi, ce premier mouvement fait entendre la voix d’un mort. DeuxiĂšme mouvement de Une chose dont je me souviens » Ă  c’est ainsi que je me retrouverai » un souvenir Ensuite, le deuxiĂšme mouvement s’ouvre sur l’évocation de sa mĂ©moire avec l’emploi du verbe je me souviens ».Puis, une mention entre parenthĂšses aprĂšs j’en aurai fini » permet une double lecture. De quoi s’agit-il? Il en aura fini de sa vie, cette mention serait alors tragique. Mais s’il fait rĂ©fĂ©rence Ă  la piĂšce, cette mention revĂȘt alors une tonalitĂ© comique, comme s’il s’excusait d’ennuyer son spectateur et lui promettait qu’il serait bientĂŽt libĂ©rĂ© de ce souvenir est fermement ancrĂ© grĂące Ă  la prĂ©cision de divers complĂ©ments circonstanciels de lieu et de temps annoncĂ©s par un prĂ©sentatif c’est l’étĂ© », » c’est pendant ces annĂ©es », c’est dans le sud de la France ». Il Ă©voque alors un moment oĂč il s’est perdu dans la se dĂ©veloppe une mĂ©taphore du chemin suivi. En effet, il avait la possibilitĂ© de se laisser porter au grĂ© des chemins de montagne mais il choisit l’efficacitĂ© de la voie ferrĂ©e, comme marquĂ© par le productivisme de son Ă©poque. Nous pouvons ainsi relever un champ lexical de la voie »chemin », mĂ©andres », route », marcher ». Ainsi, ce deuxiĂšme mouvement fait Ă©tat d’un souvenir dans lequel Louis a fait le choix de la raison et de l’efficacitĂ© bourgeoise. TroisiĂšme mouvement de Ă  un moment » Ă  la terre » La nuit Ensuite, il Ă©voque un viaduc » qui pourrait faire rĂ©fĂ©rence Ă  ce qui relie deux vallĂ©es. D’ailleurs, il Ă©voque sa situation entre deux, entre le ciel et la terre, comme entre les vivants et les Louis Ă©voque de maniĂšre poĂ©tique un paysage dont nous pouvons relever le champ lexical vallĂ©e, lune, ciel, terre ». Le monologue devient lyrique. En tĂ©moigne Ă©galement l’usage de la premiĂšre personne je ». Louis Ă©voque dans cette troisiĂšme partie une expĂ©rience de la solitude, d’un Ă©tat suspendu dans un entre-deux. Dernier mouvement de ce que je pense » jusqu’à la fin Un cri sans voix Louis Ă©voque alors au conditionnel ce qu’il aurait dĂ» faire pousser un cri. Nous pouvons d’ailleurs constater un champ lexical du cri rĂ©sonnerait », cri », hurler ».D’abord, ce cri est qualifiĂ© de maniĂšre mĂ©liorative comme le montrent les adjectifs grand et beau » ou long et joyeux ». Mais quel sens donner Ă  ce cri qui n’ a pas Ă©tĂ© poussĂ©? Plusieurs possibilitĂ©s s’offrent aux lecteurs/ ce cri peut ĂȘtre compris d’un point de vue psychologique. Une sorte d’appel Ă  l’aide, une tentative de s’extirper de la crise individuelle et familiale qui le ce cri peut ĂȘtre compris comme une tentative de crĂ©ation littĂ©raire. Autrement dit, il regrette de n’avoir pas tentĂ© de transformer une expĂ©rience difficile en une oeuvre littĂ©raire. JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE LINEAIRE EPILOGUE CONCLUSION Ainsi, la piĂšce s’achĂšve sur un nouveau constat d’échec. Louis a ratĂ© le rendez-vous avec sa famille, avec lui-mĂȘme mais aussi, peut-ĂȘtre avec l’art. Merci de ta lecture. Nous espĂ©rons que cette fiche sur l’épilogue a pu t’aider dans ton travail. N’hĂ©site pas Ă  poster tes remarques et commentaires dans la rubrique ci-dessous. D’autres fiches peuvent t’aider dans tes rĂ©visions, nous t’en proposons quelques exemples ci-dessous –Explication linĂ©aire prologue –Explication linĂ©aire du monologue de Suzanne –Analyse de Juste la fin du monde –Dissertation sur la crise dans Juste la fin du monde –Biographie de Jean-Luc Lagarce –MĂ©thode de l’analyse linĂ©aire Justela fin du monde est l'une des derniĂšres piĂšces de théùtre de Jean-Luc Lagarce, C'est son frĂšre, Antoine, qui entĂ©rine cette reconnaissance manquĂ©e : « tu ne sais pas qui je suis, / tu ne l'as jamais su, / ce n'est pas ta faute et ce n'est pas de la mienne / non plus, moi non plus, je ne te connais pas [] / on ne se connaĂźt pas » (partie 1, sc. 11). Si toute

EntrĂ©es d’index Haut de page Texte intĂ©gral 1 Lydie Parisse, Lagarce, Un théùtre entre prĂ©sence et absence, Classiques Garnier, 2014. Voir le co ... 1Je souhaite ici esquisser quelques pistes de ce que l’on pourrait nommer une hermĂ©neutique de l’écriture de Lagarce, ces pistes ayant Ă©tĂ© plus largement exploitĂ©es dans la rĂ©cente monographie que j’ai publiĂ©e Lagarce. Un théùtre entre prĂ©sence et absence1. J’aimerais confronter le film de Xavier Dolan au texte de Juste la fin du monde en ouvrant cet article sur une Ă©tude de lexique que l’examen de l’archive en ligne sur le site fanum pourrait permettre de concrĂ©tiser Ă  l’avenir. 2 M’intĂ©ressant aux dramaturgies de la parole, je mĂšne ce type d’approches Ă  propos de l’écriture de ... 2Ma premiĂšre constatation est que ce film, s’il ne respecte pas Ă  la lettre le texte et la langue de Lagarce, restitue en revanche l’esprit de la piĂšce et entre en rĂ©sonance avec la lecture que j’avais pu en dĂ©gager lorsque j’ai publiĂ© mon ouvrage sur l’Ɠuvre de Lagarce, dont le sujet principal est l’étude des figures de la perte de soi dans l’ensemble de son théùtre, dans son journal et ses autres Ă©crits, et oĂč j’insiste sur l’observation du processus de l’écriture, tel qu’il est dĂ©crit par l’auteur lui-mĂȘme, Ă  savoir que l’écriture est pratique permanente de la réécriture Ă  la fois intra- et intertextuelle, et que la réécriture est une mise en scĂšne de l’écriture elle-mĂȘme. Ma dĂ©marche s’apparente au courant de la gĂ©nĂ©tique textuelle et de la gĂ©nĂ©tique théùtrale, par le biais de l’analyse des processus2. 3 Dans mon ouvrage, je replace d’ailleurs cette attitude dans la perspective plus vaste de la crise ... 3La langue de Lagarce est bien lĂ , du moins dans sa recherche obsessionnelle du mot juste, dans son bĂ©gaiement collectif rituel qui dit une non-coĂŻncidence du langage et de la pensĂ©e, une non coĂŻncidence des mots et des corps, une non-coĂŻncidence de soi Ă  soi. C’est dans ce dĂ©ficit Ă  la fois linguistique et ontologique que s’installent les personnages de Lagarce, dans une polyphonie apparente, mais qui n’en est pas une, puisqu’une seule voix les traverse tous, dans une sorte d’identitĂ© transpersonnelle. RhĂ©torique de l’incertitude, tremblement du dire et tremblement de l’ĂȘtre, plĂ©thore des modalisateurs, abus de l’épanorthose, usage de l’approximation, telles sont les attitudes d’écriture d’un auteur qui pratique la culture du doute et le choix de l’hĂ©sitation, entendus comme un art poĂ©tique, mais aussi comme un acte de rĂ©sistance aux certitudes assĂ©nĂ©es par les discours totalitaires – je ne vais pas insister sur ces lieux communs de la critique lagarcienne3. 4Ce que le film met particuliĂšrement en relief, c’est Ă  quel point le dispositif de la piĂšce est placĂ© sous le signe de la perte, de la dĂ©perdition, qui marque la relation Ă  l’écriture, aux autres, au monde. Le sentiment de la perte est liĂ© au dĂ©sir impĂ©rieux de retrouver le mot juste, la relation juste, le regard juste. Nous envisagerons ici les deux derniers aspects, Ă  travers les leitmotivs lagarciens du sacrifice et de l’abandon. Le sacrifice 4 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, Classiques conte ... 5Ce que le film de Xavier Dolan rĂ©vĂšle, dans un langage et un lyrisme qui lui sont personnels, c’est la violence archaĂŻque qui sous-tend les relations entre les personnages. Transformer la mort en sacrifice, tel est le programme annoncĂ© dans les monologues de Juste la fin du monde. Et ce rituel est consenti par la victime La mort aussi elle est ma dĂ©cision / et mourir vous abĂźme et c’est vous abĂźmer que je veux. [
] je me sacrifie4. » 5 RenĂ© Girard, Le Bouc Ă©missaire, Paris, Grasset & Fasquelle, 1982. 6 Voir Lydie Parisse, Lagarce. Un théùtre entre prĂ©sence et absence, op. cit., p. 116-120. 6Louis, que ce soit de maniĂšre effective ou mĂ©taphorique, accumule les signes victimaires tels que les Ă©numĂšre RenĂ© Girard dans Le Bouc Ă©missaire 5 parricide, inceste, homosexualitĂ©, hubris sont les attributs principaux de la victime rituelle. Renvoyant Ă  mon ouvrage pour l’analyse des premiers6, je n’évoquerai que le dernier, l’hubris, le plus important par rapport Ă  notre propos – la mythologie de l’écriture – car elle renvoie Ă  la pratique de l’écriture comme une activitĂ© transgressive 7 Jean-Luc Lagarce, Du Luxe et de l’impuissance, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 40. Être dans la CitĂ©, au milieu des autres, avoir le droit immense de pouvoir parler, ĂȘtre responsable de cet orgueil, ĂȘtre conscient de ma force7. 8 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 28. 9 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, in Théùtre complet, tome iv, p. 340. 10 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58 et Le Pays lointain, op. cit., p. 385. 11 Patrice Pavis, Le Théùtre contemporain. Analyse de textes de Sarraute Ă  Vinaver, Paris, Nathan, Un ... 12 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 24 et Le Pays lointain, op. cit., p. 304. 13 JoĂ«l Jouanneau, dans Bertrand Chauvet et Éric DuchĂątel dir., Juste la fin du monde. Nous les hĂ©r ... 7Cette affirmation de Lagarce, ce sentiment d’avoir franchi une limite – sociale, symbolique – est aussi ce qui servira Ă  peindre la figure de Louis dans Juste la fin du monde et Le Pays lointain. C’est bien cet orgueil que lui reprochent les siens, qui le trouvent trop distant avec eux, telle Suzanne il n’embrasse jamais personne »8 ; Je pense que vous avez remarquĂ© aussi cela, ce caractĂšre, cette froideur de caractĂšre, [
] il n’embrasse jamais personne, de sa propre initiative9 ». La mĂšre mĂȘme accable Louis, se moquant de son petit sourire et de cette façon si habile et dĂ©testable d’ĂȘtre paisible en toutes circonstances »10. D’ailleurs, si dans Juste la fin du monde, personne ne comprend pourquoi Louis est revenu, dans Le Pays lointain, personne ne comprend non plus pourquoi il a quittĂ© le domicile familial il est vaguement question d’une dispute avec le pĂšre au moment de l’adolescence thĂ©matique qui sera reprise dans J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, mais ce qui subsiste, c’est le sentiment qu’il a fallu Ă  Louis une dose importante d’orgueil pour partir. Selon Patrice Pavis, c’est mĂȘme cette arrogance excessive qu’il paierait de sa vie11. Enfin, selon JoĂ«l Jouanneau, mĂȘme le prologue tĂ©moigne de l’hubris du personnage ce souhait d’ĂȘtre, jusqu’à cette extrĂ©mitĂ© [s]on propre maĂźtre »12, montre la part d’orgueil de sa dĂ©marche13. Mais je ne partage pas cette derniĂšre interprĂ©tation, j’y reviendrai. 14 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », Jean-Luc Lagarce dan ... 15 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 68. 8Dans Juste la fin du monde, le dispositif de circulation de la parole est celui d’un tribunal, comme l’a soulignĂ© Jean-Pierre Sarrazac14, et la place de Louis est bien celle de l’accusĂ© face aux jurĂ©s. Un rĂŽle qu’il assume d’ailleurs totalement Je suis un Ă©tranger. Je me protĂšge. J’ai des mines de circonstance15. » 16 Ibid., p. 38. 9Louis est accusĂ© d’écrire pour les autres, accusĂ© d’ĂȘtre Ă©crivain mais de ne pas se servir de ce don » pour Ă©crire aux siens, auxquels il n’envoie que des cartes postales banales et elliptiques », pas mĂȘmes cachetĂ©es et donc visibles par tous. Tu ne nous en donnes pas la preuve, tu ne nous en juges pas dignes. C’est pour les autres16 », lui reproche sa sƓur. 17 Ibid., p. 72. 18 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 37 et Le Pays lointain, op. cit., p. 358. 10Louis est accusĂ© de mentir, de dĂ©former la rĂ©alitĂ©. L’écrivain est le rhapsode, celui qui met en rĂ©cit – en histoires ». Du langage il fait un usage inhabituel il dĂ©forme, il trahit, il triche avec la rĂ©alitĂ©, qu’il arrange Ă  sa guise, et cette aptitude Ă  la tricherie est perçue comme une diffĂ©rence menaçante, une faute, comme l’exprime Antoine Tu vas commencer Ă  me raconter des histoires, je vais me perdre [
] peu Ă  peu tu vas me noyer17. » L’habiletĂ©, la ruse sont donc l’apanage de Louis aux yeux de ses frĂšre et sƓur je pense que tu es un homme habile, un homme qu’on pourrait qualifier d’habile, un homme plein d’une certaine habiletĂ© »18, constate Suzanne. 19 Jean-Luc Lagarce, Histoire d’amour repĂ©rages, in Théùtre complet, tome ii, Besançon, Les Solitai ... 20 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 74. 11Louis est accusĂ© d’instrumentaliser ses proches. La relation de l’écrivain avec ses proches est forcĂ©ment source de conflits car les rĂ©cits sont aussi mis en rĂ©cit mĂȘme si c’est esquivĂ© de la vie privĂ©e, et les proches inspirent toujours, Ă  un moment ou Ă  un autre, des personnages. D’oĂč leur rĂ©sistance Ă  entrer dans le rĂ©cit dans Histoire d’amour. RepĂ©rage, le DeuxiĂšme Homme et les Femmes sont surpris de la transposition de leur image, mais finalement ils trouvent l’histoire fictive plus vraie, plus crĂ©dible que la rĂ©elle19. Dans Juste la fin du monde en revanche, Antoine se rĂ©volte, rĂ©siste Ă  l’emprise de la fiction, ces histoires pour rien, des histoires, je ne comprends rien »20. C’est pour ne pas alimenter les rĂ©cits de Louis qu’il s’interdit de parler, mais quand sa parole Ă©clate enfin, elle est celle d’un hĂ©ros tragique. 21 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1990-1995, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, ... 22 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 70. 23 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 376. 12Enfin et surtout, Louis est accusĂ© de n’avoir pas assez aimĂ©. On parle donc de l’accusĂ© Ă  la troisiĂšme personne. On ne s’adresse pas directement Ă  lui, comme s’il n’était pas lĂ . Ce sentiment de disparaĂźtre en prĂ©sence d’autrui, de ne plus ĂȘtre vraiment lĂ , Lagarce l’a maintes fois exprimĂ© dans son Journal21. C’est aussi ce qui marque le changement de regard qu’il porte sur le monde depuis la rĂ©vĂ©lation de sa sĂ©ropositivitĂ© – mais aussi avant cet Ă©vĂ©nement. Dans Juste la fin du monde, Louis note Chaque lieu, mĂȘme le plus laid ou le plus idiot, je veux noter que je le vois pour la derniĂšre fois »22. Regarder les choses comme si tout Ă©tait la derniĂšre fois »23, telle sera la perspective que retiendront les spectateurs du Journal vidĂ©o. 24 Jean-Luc Lagarce, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, in Théùtre complet, t ... 25 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 30. 26 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 405. 27 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 26. 28 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 364. 13Le procĂšs se traduit par une violence de l’accusation, qui elle-mĂȘme traduit une violence sur le plan Ă©thique. Et ceci se fit dans la violence, des mots violents, juste des mots et rien d’autre24 », dit la MĂšre Ă  propos du fils chassĂ© par le pĂšre dans J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, une piĂšce qui propose une variante de la figure du fils en parabole du fils prodigue. Dans les piĂšces de Lagarce, la violence est d’abord un phĂ©nomĂšne de langage, qui prend toute sa place dans une dramaturgie de la parole, mais elle est aussi un phĂ©nomĂšne Ă©thique, liĂ© Ă  l’incapacitĂ© existentielle des personnages Ă  prendre en compte la dimension de l’Autre, sans cesse ramenĂ© Ă  la sphĂšre du MĂȘme, au sens oĂč l’entend Levinas. C’est bien de cette violence-lĂ  que Louis est victime rĂ©duit Ă  une existence thĂ©orique, empĂȘchĂ© – sauf par Catherine – de s’exprimer en son propre nom, instrumentalisĂ© par sa mĂšre qui lui demande de rassurer les siens, il ne peut accĂ©der Ă  une existence sĂ©parĂ©e qu’à travers une relation biaisĂ©e l’apartĂ© au public dans les monologues. En dehors de cette adresse indirecte, il est rĂ©duit au mutisme et Ă  une identitĂ© tronquĂ©e, Ă  travers le portrait faussĂ© que sa fratrie donne Ă  voir de lui, rompant, par leurs jugements, la continuitĂ© de sa personne Louis ne parle pas en son nom propre. Selon Levinas, le discours de la totalitĂ© est affirmation absolue d’une subjectivitĂ© qui s’érige en juge, d’oĂč l’abondance des jugements de valeur qui visent Ă  rĂ©duire l’autre, Ă  l’instrumentaliser dans le discours du MĂȘme. Dans Juste la fin du monde, Catherine s’insurge contre cette habitude selon laquelle un nouveau-nĂ© doit absolument ressembler Ă  ses parents, et elle dĂ©fend l’idĂ©e que son enfant ne ressemble Ă  personne »25, Ă©chappant Ă  cette logique du scandale de l’altĂ©ritĂ© qui fait du langage familial une vĂ©ritable machine de guerre propre Ă  nier les diffĂ©rences, voire Ă  les rĂ©duire, ou Ă  exclure l’individu diffĂ©rent. En revanche, Antoine, dans Juste la fin du monde et Le Pays lointain, est dans la logique du MĂȘme Vous ĂȘtes semblables, lui et toi, et moi aussi, je suis comme vous »26, dit-il Ă  sa sƓur pour la consoler. Suzanne aussi ne veut voir en Louis que quelqu’un qui ne change pas »27. Les personnages se crĂ©ent leurs propres enfermements, leurs propres citadelles comme l’évoque littĂ©ralement le titre de la piĂšce qui annonce Juste la fin du monde Retour Ă  la Citadelle. Suzanne pense qu’elle n’est pas une vraie personne », n’ayant jamais eu un chez soi » hors de la maison familiale si je ne pars pas, jamais, je ne serai jamais une vraie personne, juste une enfant. C’est de cela que j’ai peur »28, confie-t-elle Ă  Louis. 29 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 78. 30 Ibid., p. 76. 31 Denis GuÉnoun, HomosexualitĂ© transcendantale », dans Regards lointains, Besançon, Les Solitaires ... 14La violence Ă©thique est liĂ©e au scandale de l’altĂ©ritĂ©, au discours de la totalitĂ©, au refus de prendre en compte une existence sĂ©parĂ©e, mais elle est aussi le corollaire de la peur, ce que rend trĂšs bien le film de Xavier Dolan. Tous ont peur Suzanne a peur, Antoine a peur, Louis a peur. Tu voudras me parler / et il faudra que je t’écoute / et je n’ai pas envie d’écouter. Je ne veux pas. J’ai peur29 », avoue Antoine. Parlant au nom d’un on » ou d’un tu », ne disant jamais je », Antoine s’insurge Tu crois me connaĂźtre mais tu ne me connais pas, / tu me connaitrais parce que je suis ton frĂšre30 ? » Ce renversement de la violence mimĂ©tique constitue l’acmĂ© de la piĂšce, mais aussi un moment paradoxal que Denis GuĂ©noun a appelĂ© l’élĂ©vation d’Antoine »31. 32 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 92. 15C’est que, par un coup de théùtre, Antoine endosse dans la derniĂšre partie de la piĂšce la figure de l’altĂ©ritĂ©, se constituant lui-mĂȘme en bouc-Ă©missaire. Et lĂ , maintenant vous ĂȘtes lĂ , Ă  me regarder comme une bĂȘte curieuse32 » Toute la piĂšce Ă©tait une fausse piste malgrĂ© les apparences, Louis n’était pas un bouc Ă©missaire ? Qui Ă©tait-il alors ? La posture du bouc Ă©missaire est-elle si enviable ? Tout se passe comme si Louis, rĂ©duit au silence, se trouvait paradoxalement dans une position de supĂ©rioritĂ© dans la violence rituelle, la victime est en effet sacralisĂ©e. Si la parole de Louis n’a pu ĂȘtre entendue parce qu’elle aurait eu l’impact d’un cri dans un tunnel vide et ne pouvait qu’ĂȘtre une parole de la perte, en revanche, son silence a Ă©tĂ© entendu, et c’est lĂ , sans doute, toute la force du film de Dolan d’avoir pu filmer en gros plan les visages, car le visage, selon Levinas, est le lieu de la relation juste, celle du face-Ă -face avec l’autre. L’abandon 16L’écriture de Lagarce dĂ©veloppe plusieurs stratĂ©gies d’évitement de la violence et donc du tragique qui est, au sens Ă©tymologique, contamination de la violence rituelle ; n’oublions pas que la tragĂ©die est issue du bouc – tragos – que l’on sacrifie. 33 CitĂ© par Marie-HĂ©lĂšne Boblet, Écriture et souci de soi », Jean-Luc Lagarce, Europe, n° 969-970, ... 34 Suzanne parle d’ une certaine forme d’admiration » Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. ... 17La premiĂšre consiste Ă  faire du protagoniste principal une figure de revenant. La force, sans doute, du casting du film de Dolan, c’est d’avoir fait de Louis moins un mourant qu’un revenant. Louis n’a pas le mĂȘme degrĂ© de prĂ©sence scĂ©nique que les autres personnages, il est une sorte de prĂ©sent-absent, mais s’il est ainsi perçu, c’est Ă  travers la folie collective des autres personnages, qui, le privant de sa parole, le dĂ©rĂ©alisent, le dĂ©personnalisent, en font une figure sans doute sacrificielle, mais aussi messianique. Sur le plan de la conscience, Louis est dĂ©jĂ  d’outre-monde, il a basculĂ© dans une perception oĂč manque le lointain. Une des choses les plus mĂ©lancoliques dans le rapprochement de la mort la perte du lointain », Ă©crit HervĂ© Guibert dans Le MausolĂ©e des Amants33. Mais dans la piĂšce, tout se passe comme si le fait de se trouver confrontĂ© au dĂ©finitif la sĂ©paration, la derniĂšre fois, la mort n’était plus seulement l’affaire de Louis, mais celle des autres. La hantise d’une nouvelle sĂ©paration les plonge en effet dans des accĂšs de colĂšre et de dĂ©sespoir trĂšs bien rendus par le film de Dolan. Dans Juste la fin du monde, Louis est prĂ©sentĂ© comme une sorte de revenant, de ressuscitĂ© qui vient brusquement rĂ©vĂ©ler aux siens leur vrai contexte existentiel le manque d’amour. D’oĂč le sentiment de sidĂ©ration, fait de trouble et d’admiration34, qui accompagne son apparition au seuil de la maison familiale. Quant Ă  la mĂšre, tentant de redonner Ă  Louis sa place symbolique d’aĂźnĂ© que Louis refuse dans le film de Dolan, lui explique qu’il est revenu pour combler les manques existentiels de son frĂšre et de sa sƓur et leur donner l’autorisation de devenir enfin eux-mĂȘmes 35 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58-59. Suzanne voudrait partir [
]. Lui, Antoine, il voudrait plus de libertĂ©, je ne sais pas [
]. Et c’est Ă  toi qu’ils veulent demander cela, c’est Ă  toi qu’ils semblent vouloir demander l’autorisation35. 18Or, ce qu’Antoine et Suzanne ne peuvent admettre, c’est justement admettre, c’est l’abandon au nom de leur refus de se perdre, ils s’arc-boutent contre le frĂšre, se campent dans leurs certitudes, et sombrent dans le tragique, ce tragique contre lequel, justement, Louis lutte, tentant sans cesse d’apporter la consolation, se faisant insulter en retour 36 Ibid., p. 93. Louis. – Ne pleure – Tu me touches, je te tue36. 19Si Antoine est prĂšs de frapper son frĂšre, c’est qu’en lui-mĂȘme, contre son grĂ©, quelque chose a Ă©tĂ© atteint. Le conflit extĂ©rieur cache un conflit interne – qui est aussi la caractĂ©ristique des hĂ©ros tragiques. Ce rejet n’est pas de haine, il est la forme paradoxale d’un amour refoulĂ©, d’une rĂ©sistance qui se brise, d’un conflit intĂ©rieur qui trouve sa rĂ©solution en prenant la forme chaotique d’une conversion, d’une mĂ©tanoĂŻa opĂ©rĂ©e par la simple prĂ©sence, silencieuse, de Louis. Ce moment de bascule est la consĂ©quence de la prĂ©sence nĂ©gative de Louis parmi les siens, qui fait de lui une crĂ©ature d’un autre monde, une sorte de figure de la rĂ©surrection. Avec le personnage de Louis, Lagarce met en Ɠuvre le motif du retour parmi les vivants, qui nous renvoie Ă  la Bible comme Ă  la lĂ©gende orphique 37 Jean-Luc Lagarce, Je ferai ça quand je reviendrai », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, Be ... admettre l’idĂ©e toute simple et trĂšs apaisante, trĂšs joyeuse, [
] l’idĂ©e que je reviendrai, que j’aurai une autre vie aprĂšs celle-lĂ  oĂč je serai le mĂȘme, oĂč j’aurai plus de charme, [
] oĂč je serai un homme trĂšs libre et trĂšs heureux37. 38 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc Lagarc ... 39 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 355. 40 Peter Handke, citĂ© par Georges Banu dans Peter Handke le théùtre de la langue », SupplĂ©ment TĂ© ... 41 Robert Musil, L’Homme sans qualitĂ©s, traduction Philippe Jaccottet, Paris, Gallimard, Folio, 1958. 42 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain. PrĂ©sentation », dans Europe, op. cit., p. 158 et repris dans... 20La seconde stratĂ©gie d’évitement de la violence consiste Ă  faire bifurquer le dispositif du tragique vers le Trauerspiel. Cette piĂšce, comme Le Pays lointain, s’apparente Ă  un monodrame », selon Jean-Pierre Sarrazac38, Ă  savoir qu’elle propose un retour sur la vie d’un individu au moment de sa mort, une dramaturgie du salut, dans la lignĂ©e des mystĂšres mĂ©diĂ©vaux. Les tĂ©moins accompagnent le parcours du mourant, ils font le rĂ©cit de sa vie avant de l’enterrer. Ce dispositif dramaturgique Ă©tait dĂ©jĂ  prĂ©sent dans Juste la fin du monde, mais il s’accentuera dans Le Pays lointain, oĂč on assiste Ă  la mise en rĂ©cit exhaustive de la vie d’un homme ordinaire, comme on le ferait d’un mort mais qui n’est pas encore mort dans le but de l’ immortaliser » ça vous immortalise »39, dit le pĂšre quand il prend des photos. Le Pays lointain, en enchĂąssant, sur le mode du contrepoint, la premiĂšre piĂšce dans un ensemble plus vaste, fait donc coexister les deux dispositifs, les confronte le dispositif violent le rituel du bouc Ă©missaire prĂ©sent dans Juste la fin du monde et le dispositif non-violent liĂ© notamment Ă  l’attitude apaisĂ©e du pĂšre, dans Le Pays lointain. Dans les deux cas, le moteur est en la logique de la perte de soi. La problĂ©matique du tragique est toujours mise en tension dans l’univers de Lagarce. Comme Peter Handke, qu’il admire tant, Lagarce pourrait dire Je suis grec40 », tant il se nourrit aux lectures des Tragiques ; mais inversement, il puise dans une autre tradition, cherchant dans l’écriture un exercice de dĂ©tachement qui propose une vraie alternative au tragique ce sont les tricheries », les arrangements », mais aussi le recours au Trauerspiel dans Juste la fin du monde et Le Pays lointain. Il est effet deux lignĂ©es dans le théùtre occidental le théùtre tragique, hĂ©ritĂ© des Grecs, et le théùtre non-tragique, ou prĂ©-tragique, hĂ©ritĂ© des mystĂšres mĂ©diĂ©vaux. Walter Benjamin, dans Essais sur Brecht, dĂ©finit le hĂ©ros non tragique comme l’homme ordinaire, sans qualitĂ©s » ohne Eigenschaften », pour reprendre le titre du chef-d’Ɠuvre de Robert Musil41, comme le formule Louis dans Le Pays lointain, mais aussi Lagarce dans sa propre prĂ©sentation de la piĂšce D’un seul homme, sans qualitĂ©, sans histoire, tous les autres hommes42 ». Cette volontĂ© de dĂ©contextualiser nous rappelle que l’absence de qualitĂ© renvoie Ă  l’absence de prĂ©dicat, au refus de la prĂ©dication caractĂ©ristique des diverses traditions spirituelles, pour dĂ©signer le point de vue de l’absolu, la recherche d’un regard de surplomb. 21Ce mode de lecture nous autorise Ă  lire le personnage de Louis comme une figure de la perte, qui, par son aptitude au renoncement il renonce Ă  son projet de dĂ©part, prĂ©fĂ©rant bafouiller des promesses de retour, par son aptitude Ă  l’abandon Ă  la fois actif et passif est un personnage entre deux mondes qui donne la mesure d’un monde. 43 Voir Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc L ... 44 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 23. 45 Jacques Le Brun, Le Pur amour de Platon Ă  Lacan, Paris, Seuil, 2002, p. 44. 22Le renoncement est une pratique ascĂ©tique qui consiste Ă  crucifier l’amour-propre et Ă©voque les dures lois de l’abnĂ©gation et de la pĂ©nitence. L’homme renoncĂ© est un personnage qui hante la littĂ©rature europĂ©enne, et qui, sur le plan théùtral, s’inscrit dans la tradition du Trauerspiel, dans lequel Walter Benjamin voit la cĂ©lĂ©bration de la Passion de l’homme » ou encore le drame du martyr43 ». Les derniĂšres piĂšces de Lagarce consacrĂ©es au cycle du retour racontent ce parcours un homme meurt et cherche Ă  donner Ă  sa mort une justification, profitant de cette occasion du retour aux sources pour devenir son propre maĂźtre », c’est-Ă -dire devenir libre. La dĂ©marche est d’emblĂ©e prĂ©sentĂ©e comme sans espĂ©rance sans espoir jamais de survivre »44, laissant entendre que le hĂ©ros a renoncĂ© aux idĂ©es de salut avant de prendre le chemin de la maison familiale. Louis est bien un martyr » au sens Ă©tymologique de tĂ©moin ». C’est bien le rĂŽle qu’il va jouer dans sa famille il Ă©coutera les autres. De mĂȘme dans Le Pays lointain, il Ă©coute car c’est lui qui sera au bout du compte sacrifiĂ©. Tout se passe comme si le martyr avait le pouvoir d’annuler la souffrance parce que lui-mĂȘme a entiĂšrement consenti Ă  sa propre perte. C’est lĂ  la logique sacrificielle violente qui prĂŽne la mort-pour45 », la mort utile. Mais il est une autre forme de perte, qui n’est pas rĂ©cupĂ©rable c’est l’abandon, paradigme dont le lexique de Lagarce use et abuse, faisant de tous ses personnages des figures d’abandonnĂ©s. 46 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 51. 47 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 277. 48 Jean-Luc Lagarce, Journal vidĂ©o, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007. 49 Annie Ernaux, Journal du dehors, nrf, Gallimard, 1993. 23L’abandon est un Ă©tat Ă  la fois passif et actif. Si dans sa famille, abandonner les siens est une faute, Louis a abandonnĂ© les siens et en retour, a Ă©tĂ© abandonnĂ© d’eux et en souffre ; mais il rĂ©alise, contre toute attente, que cette absence d’amour fit toujours plus souffrir les autres que [lui] »46. J’étais restĂ© lĂ , seul, abandonnĂ©, toutes ces sortes de choses », dit Louis au dĂ©but du Pays lointain47. Cette dimension de l’abandon est trĂšs prĂ©sente dans le Journal vidĂ©o48 de Lagarce qui, au moment de la rĂ©daction de Quelques Ă©claircies, cherche Ă  gommer, effacer la figure de l’auteur pour retenir le mouvement de son seul regard posĂ© sur les ĂȘtres et les choses, dans la fugacitĂ© du temps qui passe et gĂ©nĂšre, effacement sur effacement, cet art de la vanitĂ©, mais aussi un art du dĂ©tachement mot par lequel on traduit le mot d’abandon aujourd’hui. Dans son Journal vidĂ©o, l’Ɠil rivĂ© Ă  la camĂ©ra, jouant des surimpressions d’images et de bandes dĂ©filantes de textes qui parlent de fin et de morts, Lagarce nous livre ce qu’Annie Ernaux nommerait un Journal du dehors »49. Le dĂ©placement gĂ©ographique vers Berlin permet une reconsidĂ©ration de la vocation personnelle Ă©crire contre la peur et une mise en perspective du sentiment d’abandon, qu’il traque des deux cĂŽtĂ©s de la ville, Ă  l’Est, dans les files de gens qui reviennent Ă  pied, depuis l’autre cĂŽtĂ© du mur, avec des sacs Ă  commissions remplis, comme Ă  l’Ouest, dans les terrains vagues liĂ©s Ă  la destruction du mur. 50 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 533. Seconde longue balade, hier, dans les terrains vagues de Kreuzberg, malheureusement sans camĂ©ra et j’y retournerai, et au marchĂ© polonais. Le choc le plus grand, c’est celui-lĂ  film de Wenders50. 51 Ibid., p. 291. 24Ce qu’il tente aussi de saisir, par l’écriture, par l’image, c’est le regard de surplomb de l’ange DerriĂšre chacun de nous, au milieu de nous, se promĂšnent des anges qui Ă©coutent nos pensĂ©es, nous posent parfois la main sur l’épaule pour nous apaiser et que seuls les enfants peuvent voir51 ». 52 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 79. 25L’abandon est un Ă©tat de conscience paradoxal une tentative de conciliation des contraires. C’est comme la nuit en pleine journĂ©e »52, dit Louis au dĂ©but de l’IntermĂšde. L’abandon est ce qui caractĂ©rise le contexte de l’IntermĂšde, qui vise Ă  produire un dĂ©placement, dans l’espace et dans le temps, mais surtout dans la conscience du spectateur. C’est Antoine qui dĂ©crit le contexte des deux piĂšces, un contexte qui ramĂšne aux conditions symboliques d’un Ă©tat de conscience quasiment intenable pour l’ĂȘtre humain, Ă  savoir le lieu de la coĂŻncidence des contraires la nuit lumineuse. C’est ce contexte symbolique que Xavier Dolan a tentĂ© de suggĂ©rer de maniĂšre rĂ©aliste dans son film, par le travail des lumiĂšres et des contre-jours, et par la trouvaille de cette idĂ©e d’une chaleur caniculaire. 53 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, PrĂ©sentation », Europe, op. cit., p. 159. 54 Jean-Luc Lagarce, Dire ce refus de l’inquiĂ©tude », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, p. 2 ... 55 Ce concept a Ă©tĂ© forgĂ© par MaĂźtre Eckhart, et signifie, comme l’expliquent ses traducteurs, l’at ... 26L’abandon est aussi un choix, un acte de volontĂ© le choix de la non-violence, portĂ© jusque dans la peur, jusque dans la souffrance-mĂȘme. Cette volontĂ© paradoxale, Lagarce la mentionne dans le synopsis du Pays lointain, oĂč il affirme vouloir raconter la violence, comme Ă©trangĂšre53 », la mettre Ă  distance par l’écriture. C’est pourquoi dire ce refus de l’inquiĂ©tude » jusque dans l’inquiĂ©tude-mĂȘme, est son premier engagement54 », comme il le formule de maniĂšre paradoxale ce refus de l’inquiĂ©tude n’est autre qu’une recherche du dĂ©tachement, de l’indiffĂ©rence positive, de la Gelassenheit55 qui est aussi la dĂ©finition d’une libertĂ© sans protocoles diffĂ©rente du libre-arbitre, c’est la libertĂ© du libĂ©rĂ© dans la vie » qui ne possĂšde rien et n’est possĂ©dĂ© par rien. Il est certain que le succĂšs des piĂšces de Lagarce et de Juste la fin du monde vient de ce qu’elles nous rattachent au fonds anthropologique de l’humanitĂ©. Aussi la figure de Louis, comme les autres figures d’écrivains de ses piĂšces, est-elle moins une figure d’abandonnĂ© qu’une figure de dĂ©possĂ©dĂ©. C’est ce qui fait que l’écriture de Juste la fin du monde a sans doute Ă©tĂ© nourrie par des souvenirs de cinĂ©ma, et s’apparente Ă  des Ɠuvres telles que Le Sacrifice de Tarkovski, film qui a bouleversĂ© Lagarce au moment de sa sortie, parce qu’il parle de la fin du monde, mais d’une fin du monde au sens d’une apocalypse, au sens Ă©tymologique de renversement des apparences, de rĂ©vĂ©lation de rĂ©alitĂ©s cachĂ©es. Un film testamentaire 1986 puisque le cinĂ©aste est mort quelques mois aprĂšs. 56 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit., p. 211. 57 Ibid., p. 240. C’est magnifique, C’est magnifique et les images restent dans ma tĂȘte. Éprouvant aussi. Les acteurs sont excellents la comĂ©dienne qui joue la femme de Josephson notamment. C’est cela par-dessus tout que j’aimerais pouvoir Tarkovski est mort. Je n’ai vu qu’un film sur les huit qu’il a tournĂ©s, Le Sacrifice, mais ce fut essentiel, je crois. Sa maniĂšre de filmer, de raconter, de nous parler de Dieu, de notre croyance ou de notre refus de croire. Sans exagĂ©rer, c’est un des films qui me marquĂšrent le plus et qui me firent voir les choses – le cinĂ©ma – diffĂ©remment57. 58 Voir Paul Ricƒur, Temps et rĂ©cit, Paris, Seuil, 1985. L’auteur oppose deux modes de l’identitĂ© l ... 27À la fin du Sacrifice, Alexandre, le protagoniste principal, brĂ»le sa maison, acte symbolique de dĂ©pouillement, d’abandon. De mĂȘme, Ă  la fin de ThĂ©orĂšme de Pasolini, le pĂšre traverse sa propre usine en se dĂ©pouillant peu Ă  peu de ses vĂȘtements, dans une ultime et symbolique marche au dĂ©sert. Ces deux scĂšnes finales, trĂšs fortes, qui marquent l’entrĂ©e des personnages dans la vie spirituelle montrent l’abandon comme un acte, une forme d’engagement paradoxal. Celui qui se sent abandonnĂ© pratique Ă  son tour l’abandon, Ă  savoir qu’il abandonne les prĂ©rogatives de son Ă©go, les qualitĂ©s », mais aussi, au sens oĂč l’entend Paul RicƓur, ses propriĂ©tĂ©s »58, ou encore, au sens oĂč l’entend Kafka – dont Lagarce Ă©tait grand lecteur – , ses possessions » Besitz ». Celui qui n’a plus rien en propre entre dans la condition spirituelle car sa perception du monde est dĂ©barrassĂ©e des discours et des reprĂ©sentations qui lui obstruent la rĂ©alitĂ© ; la dĂ©marche de l’abandon est une dĂ©marche paradoxalement constructive et critique elle consiste Ă  apprendre Ă  dĂ©sapprendre. Portant ce regard Ă  partir de la contemplation de la mort, qui est la condition humaine fondamentale, Lagarce, refusant d’une certaine mesure le divertissement pascalien, invite Ă  regarder la vie Ă  partir de la mort, Ă  se concentrer sur cette condition physique et mĂ©taphysique fondamentale. Ce qui est troublant dans Le Pays lointain, c’est cette rĂ©plique d’Antoine racontant Ă  son pĂšre qu’il fait toujours le mĂȘme rĂȘve, qu’il ramĂšne Ă  sa colĂšre contre lui, une colĂšre sacrĂ©e, la colĂšre de l’insanitas paulinienne 59 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 389. le mĂȘme rĂȘve, semblable, oĂč je songe Ă  tout dĂ©truire de ce qui m’appartient, juste cela, ce qui m’appartient, le rĂ©duire en cendres, les affaires qui sont les miennes, les objets, les choses que j’ai achetĂ©es pour ma femme, pour moi et pour ma femme et pour mes enfants, n’en plus rien garder59. 28Il aimerait se vider de sa colĂšre contre son frĂšre, se dĂ©livrer de cette colĂšre, et pour ce faire, abandonner ses possessions – au sens oĂč l’entend Kafka dans le chapitre 8 du ChĂąteau oĂč K., le protagoniste, dĂ©couvre une libertĂ© sans protocoles, celle du libĂ©rĂ© dans la vie, qui ne possĂšde rien et qui n’est possĂ©dĂ© par rien. 60 Franz Kafka, Le ChĂąteau, traduction Alexandre Vialatte, Paris, Gallimard, Folio, 2007, p. 157. Voi ... MalgrĂ© tout ce qui s’était passĂ©, il Ă©prouvait le sentiment que ce qu’il avait obtenu jusqu’ici constituait une sorte de possession qu’il ne conservait sans doute qu’en apparence mais qu’il ne devait pas abandonner sur l’ordre de n’importe qui60. 29Cette pratique de l’abandon ne doit pas se faire sur l’ordre de n’importe qui ». Ainsi, quand la mĂšre annonce Ă  Louis que son frĂšre attend de lui qu’il le libĂšre, qu’il l’autorise Ă  ĂȘtre libre, c’est bien de l’abandon comme engagement personnel qu’il s’agit, et le rapprochement avec le texte de Kafka est pour le moins bouleversant personne n’a portĂ© son attention sur le double langage de Lagarce, et pourtant, ce souci de prĂ©cision qui est le sien dans l’usage des mots, que leur sens Ă  la fois philologique et philosophique prĂ©cĂšde, aurait pu nous avertir. 61 Jean-Luc Lagarce, Atteindre le centre », Europe, op. cit., p. 147. Je viens du livre. Je viens de l’analyse du texte [
]. Mon propos n’est pas fait d’eau tiĂšde. J’ai Ă©tudiĂ© la sĂ©miologie, la linguistique, la philosophie. Je viens de la valeur du texte. Je m’intĂ©resse Ă  la signification du signe et du code61. 62 Voir Pour un vocabulaire mystique au xviie siĂšcle. Textes du sĂ©minaire du Professeur Carlo Ossola ... 30Ce qui est certain, c’est que le lexique de Lagarce tĂ©moigne d’une recherche sur la sĂ©mantique des mots, qui amĂšne une rĂ©surgence de sens anciens – spirituels – dont les dictionnaires indiquaient qu’ils Ă©taient tombĂ©s en dĂ©suĂ©tude, recouverts sous des acceptions juridiques ou autres – c’est le cas notamment du mot abandon »62. Ainsi, l’obsession de l’autocorrection lexicale cache peut-ĂȘtre une autre ambition, quasiment archĂ©ologique, qui joue avec les strates du sens, et tente de remettre au goĂ»t du jour un lexique oubliĂ©, propre Ă  dĂ©crire la vie intĂ©rieure. 63 Peter Handke, Outrage au public, Paris, L’Arche, 1966, p. 32. 31De Juste la fin du monde au Pays lointain, les perspectives se sont dĂ©placĂ©es. Le jeu des réécritures a effectuĂ© un dĂ©placement du temps vers l’espace dans le choix des titres la notion de limitation temporelle fin du monde » a Ă©tĂ© remplacĂ©e par celle d’illimitation spatiale lointain ». C’est toujours une extrĂ©mitĂ© qui est dĂ©signĂ©e, mais, comme le rappelle Carlo Ossola, la littĂ©rature dĂ©ploie le temps humain comme un espace ». La réécriture de Juste la fin du monde en Le Pays lointain est une maniĂšre de rĂ©introduire de l’explicite au sein du vaste systĂšme de l’implicite qui caractĂ©rise les piĂšces de Lagarce, en affirmant l’importance du théùtre comme un monde venant supplanter le huis-clos familial, comme en tĂ©moigne le joyeux travail de rĂ©pĂ©tition exposĂ© dans Le Pays lointain, qui est une réécriture de l’espace de Juste la fin du monde aux dimensions d’un plateau de théùtre, oĂč rien n’est Ă  sa place. La scĂšne n’est pas un monde, pas plus que le monde n’est une scĂšne », Ă©crivait Peter Handke63. Mais lĂ  oĂč le théùtre joue sur le mĂ©talangage, la chute du 4e mur et la mĂ©tathéùtralitĂ©, le cinĂ©ma de Xavier Dolan prend pour sujet les visages, tord les corps et rĂ©vĂšle au plus prĂšs la dynamique paradoxale de la perte qui sous-tend la dramaturgie et le lexique de Lagarce. 32Dans Le Pays lointain, le refus du tragique va de pair avec l’affirmation des valeurs telles que celles d’abandon, qui offrent une alternative au sacrifice rituel en faisant du personnage le lieu de la rĂ©conciliation des contraires, de mĂȘme que la piĂšce insĂšre le drame du langage drame familial Ă  l’intĂ©rieur du Trauerspiel, ou rĂ©cit de vie collectif d’un mort qui Ă©tait un homme ordinaire, un homme sans qualitĂ©s. L’écriture est donc bien, chez Lagarce, non seulement un processus qui se dĂ©roule, qui se dĂ©crit sous nos yeux, mais aussi un exercice de dĂ©tachement, qui fait de l’écriture le thĂšme de ses piĂšces l’écriture comme mythologie est constitutive d’une dramaturgie. 33La perte est ce qui dĂ©finit l’espace de l’écriture, mais aussi le systĂšme des relations entre les personnages Ă  travers le protagoniste Ă©crivain, enfin, le regard portĂ© sur le monde par l’écriture. Elle est donc au croisement des perspectives linguistique, dramaturgique et anthropologique, par la recherche dĂ©sespĂ©rĂ©e du mot juste, de la relation juste, du regard juste. Autant de mises en Ɠuvre d’une quĂȘte qui a absorbĂ©, voire sans doute dĂ©passĂ© – dĂ©possĂ©dĂ© ? – son auteur l’écriture comme exercice spirituel de dĂ©tachement, comme Ă©pochĂš ». En mĂȘme temps, cette Ɠuvre expose une maniĂšre d’ĂȘtre au monde qui rĂ©fute les discours d’autoritĂ© et de pouvoir au nom des valeurs nĂ©gatives d’impouvoir, d’involontĂ©, de passivitĂ©, d’abandon, propres Ă  aider son auteur Ă  faire face Ă  ce qu’il vivait, ce qui rattache son Ɠuvre Ă  un fonds anthropologique de l’humanitĂ©. En effet, le parcours sĂ©mantique Ă  travers les trois paradigmes lagarciens d’impuissance, de sacrifice, d’abandon nous font passer du lexique de la crĂ©ation littĂ©raire Ă  celui de l’anthropologie pour dĂ©boucher sur la langue de la vie intĂ©rieure, qui est notre legs commun et que Lagarce tente de revivifier, invitant le spectateur Ă  un retour sur soi. Haut de page Notes 1 Lydie Parisse, Lagarce, Un théùtre entre prĂ©sence et absence, Classiques Garnier, 2014. Voir le compte rendu de BĂ©atrice Jongy-Guena sur le site Fabula. 2 M’intĂ©ressant aux dramaturgies de la parole, je mĂšne ce type d’approches Ă  propos de l’écriture de Beckett, de Novarina. Voir Lydie Parisse, La Parole trouĂ©e. Beckett, Tardieu, Novarina, Lettres Modernes, Minard, 2008. Rééd. Classiques Garnier. 3 Dans mon ouvrage, je replace d’ailleurs cette attitude dans la perspective plus vaste de la crise du langage telle que l’a analysĂ©e le linguiste Georges Steiner, se situant dans la tradition de la philosophie des langues. Voir mon analyse dans Lagarce. Un théùtre entre prĂ©sence et absence, op. cit., p. 19-68. Voir aussi mon article paru dans un ouvrage Ă  destination des agrĂ©gatifs Jean-Luc Lagarce. Une dramaturgie de la parole “trouĂ©e”. La langue en dĂ©faut, le rĂ©el en dĂ©faut. RĂ©flexions sur Derniers remords avant l’oubli », BĂ©atrice Jongy dir., Les Petites TragĂ©dies de Jean-Luc Lagarce, Dijon, Éditions du Murmure, 2011, p. 47-76. 4 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, Classiques contemporains », 2012, p. 67. 5 RenĂ© Girard, Le Bouc Ă©missaire, Paris, Grasset & Fasquelle, 1982. 6 Voir Lydie Parisse, Lagarce. Un théùtre entre prĂ©sence et absence, op. cit., p. 116-120. 7 Jean-Luc Lagarce, Du Luxe et de l’impuissance, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 40. 8 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 28. 9 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, in Théùtre complet, tome iv, p. 340. 10 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58 et Le Pays lointain, op. cit., p. 385. 11 Patrice Pavis, Le Théùtre contemporain. Analyse de textes de Sarraute Ă  Vinaver, Paris, Nathan, UniversitĂ©, Lettres Sup, 2002, p. 188. 12 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 24 et Le Pays lointain, op. cit., p. 304. 13 JoĂ«l Jouanneau, dans Bertrand Chauvet et Éric DuchĂątel dir., Juste la fin du monde. Nous les hĂ©ros, ScĂ©rĂ©n-cndp, BaccalaurĂ©at théùtre », 2007, p. 49. 14 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 271-297. 15 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 68. 16 Ibid., p. 38. 17 Ibid., p. 72. 18 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 37 et Le Pays lointain, op. cit., p. 358. 19 Jean-Luc Lagarce, Histoire d’amour repĂ©rages, in Théùtre complet, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2014, p. 145. 20 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 74. 21 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1990-1995, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, Cette impression, vous savez, quand on vous fait des compliments, qu’on parle devant vous ; comme si vous Ă©tiez mort ». 22 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 70. 23 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 376. 24 Jean-Luc Lagarce, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, in Théùtre complet, tome iv, p. 258. 25 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 30. 26 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 405. 27 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 26. 28 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 364. 29 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 78. 30 Ibid., p. 76. 31 Denis GuÉnoun, HomosexualitĂ© transcendantale », dans Regards lointains, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 31. 32 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 92. 33 CitĂ© par Marie-HĂ©lĂšne Boblet, Écriture et souci de soi », Jean-Luc Lagarce, Europe, n° 969-970, janvier-fĂ©vrier 2010, p. 41. 34 Suzanne parle d’ une certaine forme d’admiration » Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 37 et Le Pays lointain, op. cit., p. 359 qu’ils ressentent Ă  son Ă©gard. Plus qu’intimidĂ©e, Catherine est troublĂ©e », comme le fait remarquer Antoine Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 31 et Le Pays lointain, op. cit., p. 348. 35 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58-59. 36 Ibid., p. 93. 37 Jean-Luc Lagarce, Je ferai ça quand je reviendrai », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 22. 38 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique, op .cit., p. 277. 39 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 355. 40 Peter Handke, citĂ© par Georges Banu dans Peter Handke le théùtre de la langue », SupplĂ©ment TĂ©lĂ©rama n°3312, festival d’Avignon 2013, juillet 2013, p. 17. 41 Robert Musil, L’Homme sans qualitĂ©s, traduction Philippe Jaccottet, Paris, Gallimard, Folio, 1958. 42 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain. PrĂ©sentation », dans Europe, op. cit., p. 158 et repris dans Le Pays lointain, op. cit., p. 281. 43 Voir Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique, op. cit., p. 271-297. 44 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 23. 45 Jacques Le Brun, Le Pur amour de Platon Ă  Lacan, Paris, Seuil, 2002, p. 44. 46 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 51. 47 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 277. 48 Jean-Luc Lagarce, Journal vidĂ©o, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007. 49 Annie Ernaux, Journal du dehors, nrf, Gallimard, 1993. 50 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 533. 51 Ibid., p. 291. 52 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 79. 53 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, PrĂ©sentation », Europe, op. cit., p. 159. 54 Jean-Luc Lagarce, Dire ce refus de l’inquiĂ©tude », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, p. 21. 55 Ce concept a Ă©tĂ© forgĂ© par MaĂźtre Eckhart, et signifie, comme l’expliquent ses traducteurs, l’attitude de qui, sans rien ajouter aux choses, les “laisse ĂȘtre” selon leur vĂ©ritĂ©, dans le dynamisme de leur origine. C’est sans doute la forme derniĂšre d’une libertĂ© qui se refuse Ă  toute manipulation ou recrĂ©ation dĂ©miurgique. Gwendoline Jarczyk et Pierre-Jean LabarriÈre, prĂ©face Ă  MaĂźtre Eckhart, Du DĂ©tachement et autres textes, Paris, Payot, Rivages poche / Petite BibliothĂšque », 1995, p. 23. 56 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit., p. 211. 57 Ibid., p. 240. 58 Voir Paul Ricƒur, Temps et rĂ©cit, Paris, Seuil, 1985. L’auteur oppose deux modes de l’identitĂ© la mĂȘmetĂ© » l’identitĂ© en tant que propriĂ©tĂ©s », ou rĂŽles et l’ ipsĂ©itĂ© » l’identitĂ© en tant que singularitĂ©. 59 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 389. 60 Franz Kafka, Le ChĂąteau, traduction Alexandre Vialatte, Paris, Gallimard, Folio, 2007, p. 157. Voir le dĂ©tail de mon analyse dans Lagarce. Un théùtre entre prĂ©sence et absence, p. 151. 61 Jean-Luc Lagarce, Atteindre le centre », Europe, op. cit., p. 147. 62 Voir Pour un vocabulaire mystique au xviie siĂšcle. Textes du sĂ©minaire du Professeur Carlo Ossola au CollĂšge de France, textes prĂ©sentĂ©s par François TrĂ©moliĂšres, Turin, Nino Argento Editore, Europa restituta » CollĂšge de France, 2004. 63 Peter Handke, Outrage au public, Paris, L’Arche, 1966, p. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Lydie Parisse, Juste la fin du monde Processus d’écriture et nĂ©gativitĂ© », SkĂ©n&graphie, 5 2018, 81-97. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Lydie Parisse, Juste la fin du monde Processus d’écriture et nĂ©gativitĂ© », SkĂ©n&graphie [En ligne], 5 2018, mis en ligne le 01 janvier 2019, consultĂ© le 26 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page

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